Internationale Kulturwissenschaften
International Cultural Studies
Etudes culturelles internationales

Sektion I: Sprachen, Wissenschaftsterminologien, Kulturwissenschaften

Section I:
Languages, Systematic Terminologies, Cultural Studies

Section I:
Langues, terminologies scientifiques, études culturelles


Gerhard Budin (Vienne)

Allemand 

Anglais 
Langue et Connaissance en Sciences Culturelles.
A propos de la dynamique et de la complexité de leurs terminologies.

 

1  Langue et Terminologie, cognition et culture.

La relation interactive, complexe et dynamique entre langue et connaissance était, depuis toujours, un problème de fond de la philosophie (pas seulement de la philosophie du langage) et elle est constitutive pour les théories de la connaissance et des sciences. Au sein des sciences, la définition exacte de cette relation varie de discipline à discipline. Ainsi dans la plupart des sciences humaines et sociales où l'on analyse la langue (en tant que langue-objet et discours concrets), la langue devient (sous forme de méta-langage) l'outil de la connaissance scientifique en général.

En même temps on a connu de nombreuses tentatives dans l'histoire des sciences d'évacuer des sciences la langue 'naturelle', voire 'commune', parce qu' insuffisamment exacte pour présenter à travers elle des connaissances scientifiques et de ce fait remplacée à cet effet par un langage formalisé artificiel. Les propositions réformatrices de Leibniz, p.ex., n'étaient ni le premier ni le dernier essai de recherche d'une langue 'parfaite', langage scientifique sans flou ni imprécision. Cette tentative devait échouer tout comme la philosophie du positivisme logique du Cercle de Vienne, qui consistait à vouloir formaliser la langue scientifique selon l'exemple de la physique, afin d'en éliminer tous les mots prétendument métaphysiques et probablement asémantiques.

Cette contradiction s'était renforcée d'une part par le tournant linguistique' de la philosophie, qui cumulait à plusieurs reprises dans un pan-linguicisme constructiviste radical, selon lequel l'univers entier ne serait que discours, de sorte que la science ne consisterait avant tout qu'en d'actes de langage; d'autre part, par la 'déverbalisation' des discours en sciences exactes et techniques et par la part de plus en plus importante en visualisations et représentations multimédiales dans la connaissance scientifique, accompagnées d'une algorithmisation des théories scientifiques.

Il est évident qu'une polarisation aussi réductionniste ne pouvait être ni adéquate ni utile. Mais comment surmonter ces abîmes épistémologiques et philo-linguistiques entre ces deux cultures dans le sens Snowéen?

Pour y arriver, il faut aussi une perspective différenciée des sciences, voire de la communication scientifique. Les complexité, diversité et dynamique des processus de la communication scientifique ne peuvent être surestimées. La spécialisation de la connaissance scientifique en constante croissance est inexorablement liée à la différenciation de nouvelles langues de spécialité, surtout de terminologies scientifiques. On forge de nouveaux termes ou on en emprunte d'anciens par métaphorisation et mutation des contenus initiaux. Ainsi des problèmes de communication et de compréhension sont inhérents à la communication intra-scientifique, souvent virulents dans le dialogue interdisciplinaire.

Mais la situation est encore bien plus complexe, dès que nous intégrons dans notre champ d'analyse le concept de culture comme objet d'étude scientifique et comme contexte scientifiquement déterminant: comme en théorie des sciences et en philosophie du langage, il existe ici aussi des positions radicalement opposées:

Dans la pratique scientifique, il faut se positionner entre ces extrêmes. Les choix divergeront selon les disciplines en raison de la différence entre les objets d'étude: si en physique, on table sur la validité universelle des processus analysés (exemple la gravitation), les différences entre langues et cultures sont si spectaculaires qu'on a du mal à trouver des traits abstraits communs. Le point de rencontre entre la validité universelle et la diversité locale se trouve probablement dans la cognition humaine: si le matériau biologique de la cognition, le cerveau, est construit selon des principes identiques à travers le monde, la cognition même, les processus mentaux en tant qu'application de cet organe dans l'univers individuel sont déjà hautement culturels, marqués donc de conventions sémantiques et pragmatiques spécifiques à des groupes. L'analyse de la dialectique entre d'une part la nature individuelle de la cognition et des actes communicatifs et d'autre part la nature collective de la standardisation identitaire des systèmes symboliques, des modèles d'action et des savoirs présupposés (Hansen 1995, Hitzler 1988) est une condition préliminaire à la compréhension des processus culturels.

 

2  Problèmes épistémologiques des sciences culturelles

Les sciences culturelles sont à leur tour exposées à cette dialectique. Ce que Habermas a montré pour les sciences sociales (Habermas 1982) vaut aussi pour les sciences culturelles: le chercheur en sciences culturelles doit toujours tenir compte du fait que nous sommes liés à un déterminisme, qui conditionne considérablement nos représentations mentales et nos concepts opératoires des sciences culturelles et rend impossible une abstraction totale de l'empirisme et une objectivité scientifique. Nous sommes donc davantage contraints à réfléchir sur nos propres relations de valeur et à les expliciter dans la communication scientifique.

Les recherches en sciences culturelles se sont développées de façon aussi diversifiée que leurs concepts de 'culture' mêmes. Ceci ne vaut pas seulement pour la comparaison interlinguale, exemple la différence terminologique 'cultural studies' / 'sciences culturelles', mais aussi intralinguale. Le pluralisme théorique, méthodologique et donc aussi linguistique et terminologique a rarement été discuté en sciences culturelles.

Un autre problème des sciences culturelles provient de son enlisement intradisciplinaire. L'usage inflationnaire du terme 'sciences culturelles' ces derniers temps résulte de la crise maintes fois évoquée des sciences humaines et sociales: les philologies voient dorénavant une issue à leur crise dans l'auto-appellation ‘sciences culturelles’; de la même façon, des Instituts et des Facultés changent leurs noms. Cependant ce n'est pas une cosmétique dénominative qui leur permet d'en sortir; l'issue de la crise n'est possible que par le changement de structures anciennement transmises et la création de structures nouvelles.

Pour les 'cultural studies' anglo-saxonnes aussi on doit constater des états de crise. C'est ainsi que Douglas Kellner déplore l'absence de réflexion sur l'art dans les études culturelles britanniques de même qu'une orientation unilatérale sur la culture populaire dans la recherche américaine traditionnelle. Pour d'autres raisons qu'en Europe il réclame, lui aussi, des sciences culturelles transdisciplinaires.

L'absence de la dimension internationale de certaines activités scientifiques culturelles provient du manque de participation ou d'une participation non-différenciée au débat sur la mondialisation. Des milieux locaux sont confrontés à une dynamique globalisante (Münsch), ce qui conduit inévitablement à un nouveau concept de 'culture' et à de nouvelles 'identités culturelles' (Breidenbach/Zukrigl). Cependant, d'autres aspects doivent être intégrés encore dans des sciences culturelles transdisciplinaires, à savoir, des aspects anthropologiques (Arzipe, Wolf, Knutsson etc.), économiques (Hofstede, Trompenaars etc.), communicatifs, (multi)médiaux, cognitifs et linguistiques (Sperber, Kalverkämper, Veltman, Münch etc.), parmi maints autres.

La théorie culturelle de Dan Sperber postule qu'on peut parler d'une culture définie, lorsqu'un groupe de personnes partage et transmet certaines représentations publiques (linguistiques) et mentales (cognitives): des opinions, significations et normes pragmatiques. Une telle notion de 'culture' peut être appliquée aussi à toute langue et tout jargon de spécialité. La recherche comparée sur la culture des entreprises étudie la langue spécifique à une firme 'corporate language' comme manifestation de sa propre culture, avec des terminologies particulières qui peuvent changer d'un service à l'autre au sein d'une même entreprise.

Une diversification aussi soucieuse de précisions du concept 'culture' nous a permis d'échapper au relativisme fatal de la culture, puisque nous pouvons fournir des paramètres d'analyse opératoires qui rendent les cultures parfaitement comparables (exemple, culture d'entreprise). Ces précisions terminologiques permettent de saisir aussi le concept de transculturalité , que nous rencontrons d'abord au niveau de l'objet, p.ex., dans le terme 'communication transculturelle' (Reimann 1992). Le préfixe 'trans' se substitue à celui d''inter', familier dans la dénomination 'communication interculturelle', ou encore à celui de 'cross' ('cross cultural communication'). La délimitation terminologique se concentre sur l'aspect international, mondialisé, interactif (donc réciproque) et transfrontalier des processus transculturels et tente de surmonter le niveau de l'interaction entre les cultures au bénéfice du niveau de l'interaction transgressant les cultures (cf. la différence entre transnational (transétatique) et international (interétatique).

Mais sur le méta-plan aussi, le niveau de la théorisation des sciences culturelles et de la discussion méthodologique, la transculturalité a son importance. Cependant, il ne faut pas se bercer d'illusion, nous ne pouvons pas nous défaire de notre propre contexte culturel pour faire une recherche objective. Le débat en sciences politiques et en anthropologie, centré sur l'Europe depuis des décennies, montre que nous ne devons pas seulement ne pas nier ou ignorer les bases et prémisses philosophiques, idéologiques, socio-économiques (donc culturelles) de notre recherche et du discours scientifique, mais que nous devons l'expliquer et le discuter dans notre action scientifique. A ce prix seulement des sciences culturelles interculturelles peuvent évoluer à partir d’une coopération et d’une interaction entre des cultures scientifiques différentes au sein des disciplines et des paradigmes, écoles et traditions de recherche qui se sont formés dans les différentes communautés linguistiques, dans les nations et les états et dans laquelle on problématise la diversité des concepts, des théories, des méthodes et des discours au service d'une incitation intellectuelle réciproque.

 

3. Propositions méthodologiques pour une innovation de l'organisation scientifique terminologique des sciences culturelles

Dans sa description culturelle écologique de la communication mondialisée Mowlana (1996:208) développe une série d'exigences pour la recherche future avec au centre une réorientation épistémologique: création de nouveaux concepts, redéfinition de concepts anciens, révision des catégories et des méthodes d'analyse.

Pour finir, c'est uniquement sur le plan transculturel évoqué par interaction télématiquement assistée avec d'autres traditions de recherche (la tradition islamique et chinoise, etc.) et dans des coopérations mondialisées de recherche que la conception encore et toujours unilatéralement positiviste et réductionniste des sciences dans l'Ouest pourra se développer. Les sciences culturelles transculturelles y contribueront de façon décisive.

 

4   Literature

Arizpe, Lourdes: Scale and interaction in cultural processes: towards an anthropological perspective of global change. In: Arizpe, Lourdes (ed.). The cultural dimensions of global change. Paris: UNESCO, 1996, 89-108.
Breidenbach, Joana; Zukrigl, Ina. Tanz der Kulturen. Kulturelle Identität in einer globalisierten Welt. München: Kunstmann, 1998.
Gabriel, Norbert. Kulturwissenschaften und Neue Medien. Wissensvermittlung im digitalen Zeitalter. Darmstadt: Primus Verlag, 1997.
Habermas, Jürgen. Zur Logik der Sozialwissenschaften. Frankfurt a.M.: Suhrkamp, 1982.
Hansen, Klaus P. Kultur und Kulturwissenschaft. Tübingen/Basel: Francke, 1995.
Hitzler, Ronald. Sinnwelten: Ein Beitrag zum Verstehen von Kultur. Opladen: Westdeutscher Verlag, 1988.
Hofstede, Geert. Cultures and Organizations: Software in the mind. London: McGraw Hill, 1991.
Kalverkämper, Hartwig. Interkulturalität. In: Lundquist, Lita; Picht, Heribert, Qvistgaard, Jacques (eds.). LSP. Identity and Interface, Research, Knowledge and Society. Proceedings of the 11th European LSP Symposium, Copenhagen, August 1997. Copenhagen: Copenhagen Business School, 1998, 69-99.
Kellner, Douglas. The Frankfurt School and British Cultural Studies. The Missed Articulation. http://www.uta.edu/huma/illuminations/kell16.htm.

Knutsson, Karl-Eric. Social field and cultural constellations: reflections on some aspects of globalization. In: Arizpe, Lourdes (ed.). The cultural dimensions of global change. Paris: UNESCO, 1996, 109-134.
Kosellek, Reinhart (Hrsg.). Historische Semantik und Begriffsgeschichte. Stuttgart: Klett-Cotta, 1979.
Mowlana, Hamid. Global Communication in Transition. The End of Diversity? London: Sage, 1996.
Münch, Richard. Globale Dynamik, lokale Lebenswelten. Der schwierige Weg in die Weltgesellschaft. Frankfurt a.M.: Suhrkamp, 1998.
Reimann, Horst. Transkulturelle Kommunikation und Weltgesellschaft. In: Reimann, Horst (ed.). Transkulturelle Kommunikation und Weltgesellschaft. Theorie und Pragmatik globaler Interaktion. Opladen: Westdeutscher Verlag, 1992, 13-29.
Sperber, Dan. Explaining Culture. A naturalistic approach. Oxford: Blackwell, 1996.
Trompenaars, Fons. Riding the Waves of Culture. London: Brealey, 1994.
Veltman, Kim. Why is Culture important?.
Wolf, Eric R. Global perspectives in anthropology: problems and prospects. In: Arizpe, Lourdes (ed.). The cultural dimensions of global change. Paris: UNESCO, 1996, 31-44.

(Traduction: Gertrude Gréciano)



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