Barbara Leonesi Université de Turin
Traduire poésie italienne
contemporaine : Montale en chinois
Les questions que je vais soulever portent sur la traduction poétique de litalien vers le chinois, tant au niveau des langues que des cultures. Jai basé mon analyse sur le répertoire des traductions chinoises de poèmes de Eugenio Montale, qui compte environ 220 textes[1]. Au-delà de mon penchant personnel, jai choisi ce poète car il avait obtenu le Nobel en 1975 et grâce à lattention qui est portée en Chine aux prix Nobel, on peut compter sur un corpus significatif de traductions. Celles-ci ont été effectuées à partir de 1978 : jusquà la fin des années 70 Montale avait été censuré en tant que poète bourgeois décadent[2], et cest seulement grâce à la censure plus modérée qui caractérise le nouveau cours politique de la République Populaire depuis la fin des années 70 que des traductions de poèmes furent autorisées[3].
Il faut noter que, si la tradition de traduction littéraire est récente en Chine (la première traduction dun roman occidental, La dame aux camélias de Dumas, date de 1898), celle des études ditalien lest encore plus : on ne trouve de traduction directe duvres littéraires italiennes quà partir des années 70. Auparavant, la littérature italienne était traduite du japonais, de langlais, du français, du russe, et de lallemand.
Jaborderai en premier les différences linguistique entre litalien et le chinois qui peuvent influencer la traduction ; deuxièmement, je focaliserai sur le traitement des données culturelles.
Litalien est une langue flexionnelle : les noms et les adjectifs sont marqués en genre et en nombre, les verbes selon le mode, le temps, la personne. Le chinois est une langue sans marques morphologiques nécessaires : les relations entre les termes sont signalées par des mots grammaticaux (adverbes, prépositions, etc) et par lordre des mots. Lun des problèmes les plus délicats posés au traducteur est labsence de marque morphologique de temps dans le verbe chinois.
Les traducteurs chinois transposent la forme normative de litalien - marquage de temps sur toutes les occurrences du verbe - par la forme normative du chinois - absence de marquage. En étant non-marquée, cette forme ne distingue pas passé, présent et futur ; elle nous donne tout simplement linformation dun déroulement dans la contemporanéité de toutes les actions, mais on ne connaît pas la position de cette contemporanéité tout au long de la ligne temporelle par rapport au moment de lénonciation. Ces informations relatives au moment de l´action par rapport au moment de l´énonciation ou à un repère donné, ne sont pas toujours indispensables à la compréhension des textes, d´autant plus que des mots outils (noms de temps, suffixes aspectuels) renseignent, entre autres, sur les relations d´antériorité et la temporalité interne de l´action.
On trouve chez Montale un grand nombre de poèmes caractérisés par lutilisation uniforme du présent de lindicatif. Le poète joue sur la valeur déictique/ non-déictique de ce temps pour présenter un monde poétique qui est réel et actuel et en même temps onirique, cest le maintenant qui fuit et, à la fois, le temps indéfini de la vérité. Les exemples sont nombreux, et la traduction en chinois à laide de la forme standard non-marquée reconstruit bien cette atmosphère dindétermination, deffacement de la localisation temporelle : validité au moment actuel, ou au passé, ou au futur, et en même temps intemporelle.
(1)
Portami il girasole chio lo
trapianti... Portami
il girasole chio lo trapianti nel
mio terreno bruciato dal salino, e
mostri tutto il giorno agli azzurri specchianti del
cielo lansietà del suo volto giallino. Tendono
alla chiarità le cose oscure, si
esauriscono i corpi in un fluire di
tinte : queste in musiche. Svanire è dunque
la ventura delle venture. Portami
tu la pianta che conduce dove
sorgono bionde trasparenze e
vapora la vita quale essenza; portami
il girasole impazzito di luce. E. Montale, 1925 |
请你把向日葵给我 请你把向日葵给我, 是我将它移植到我那被盐碱烧毁的土地, 它整天把黄面孔的忧虑 对着蔚蓝的天空。 阴暗之物总是向着光明, 它们的形体在色彩的流动中消失, 色彩在音乐中消失。 因此, 多少机会在一个机会中消融. 情你把那植物给我, 它总是走向光明, 将生活的体质升华 : 请把那疯狂的追求光明的向日葵给我。 Liu Ruting,1992 |
Apporte-moi le tournesol... Apporte-moi le
tournesol, que je le transplante dans mon terrain
brûlé par lair salin ; et quil montre
tout le jour aux miroirs bleus du ciel lanxieté
de son visage jaune pâle. A la clarté tendent
les choses obscures, les corps
sépuisent en flux de teintes : elles
en musique. Seffacer, la suprême
aventure. Oui, porte-moi la
plante qui nous mène où vont surgir les
blondes transparences et sexhaler la
vie, telle une essence; apporte-moi le
tournesol fou de lumière. P. Angelini, 1991[4] |
Sil te plaît, le tournesol donne moi Sil te plaît, le tournesol donne[5] moi
cest moi qui la transplanté dans ce terrain brûlé par le salin celui là, tout le jour, lanxiété du jaune visage dirige vers le bleu ciel. Les choses obscures toujours donnent vers la lumière, leurs formes dans le flux des couleurs disparaissent, les couleurs dans la musique disparaissent. Donc, combien de chances dans une seule chance se
ëdissolvent. Sil te plaît, cette plante donne moi, elle toujours va vers la lumière, la nature physique de la vie sublime : sil te plaît, ce tournesol affolé poursuivant la lumière ë donne moi[6]. |
Le célèbre poème Meriggiare pallido e assorto... constitue un cas limite, car ici Montale, en dépit des règles syntaxiques de litalien courant, utilise toujours pour le verbe de la proposition principale la forme sémi-finie du verbe - linfinitif. Supprimant ainsi toutes coordonnées de temps et de personne, Montale crée une atmosphère hors du temps, surréelle. Dans ce cas particulier, la forme standard du chinois correspond parfaitement à litalien du point de vue sémantique. Cependant, du point de vue esthétique, il y a un écart remarquable entre forme normative courante non marquée (chinois) et forme exceptionnelle marquée (italien). Parmi les cinq traductions chinoises dont on dispose, je voudrais toutefois signaler celle de Shen Emei et Liu Xirong qui ont surmonté cet obstacle en marquant par la particule aspectuelle durative zhe着tous les équivalents des verbes italiens à linfinitif.
(2)
Meriggiare pallido e assorto... Meriggiare pallido e assorto presso
un rovente muro dorto, ascoltare
tra i pruni e gli sterpi schiocchi
di merli, frusci di serpi. (...) Montale, 1925 |
正午时竭息 正午时竭息,
淡然入神的 紧靠着灼烧的花园的墙 在荆棘和枝桠间听 黑鸟的戛戛,
蛇的骚动 (...) Ye Weilian,
1974 |
À midi faire halte... À midi faire halte, pâle et pensif, à lombre près dun
brûlant mur denclos, écouter parmi les
ronces et les broussailles claquement de
merles, bruissements de serpents. (
) P. Angelini, 1991 |
À midi se reposer À midi se
reposer, pâle absorbé sappuyant au
brûlant mur du jardin parmi
broussailles et rameaux écouter le cui cui des oiseaux noirs, le remue-ménage des serpents (
) |
午休 中午,在园子红炎炎的墙边 我静静休憩,带着一张苍白的脸, 在荆棘和枯枝间,我倾听 山鸟怪叫,蛇儿沙沙地潜行。 (
) Qian Hongjia, 1988 |
夏日正午的漫步 田园的红墙衬映着绿荫沉沉 我脸容苍白 屏息谛听 枯树枝头小鸟低沉地啼鸣 杂草丛间蛇儿沙沙地穿行。 (
) Lü
Tongliu, 1989 |
La méridienne Midi, à côté
du mur du jardin rouge flamboyant je repose
calmement, portant un visage pâle parmi
broussailles et ronces jécoute attentif oiseaux de
montagne crier bizarrement, les ë serpents glisser frou frou. (
) |
Promenade en un midi
dété Les murs
rouges des champs et des jardins font ressortir ëlombre verte toute sombre mon visage est pâle en retenant le souffle écouter attentivement sur les branches des arbres secs les petits ëoiseaux gazouillent tout bas parmi les touffes de mauvaises herbes
froufrou passent les serpents. (
) |
歇晌 中午歇晌,苍白,凝神 挨着花园的墙,热气灼人, 在荆棘和杂草丛生之处 听黑鸟的喊嚓,蛇的悉窣。 (
) Fei Bai, 1990 |
* *
* 正午烈日炎炎 脸色苍白,忧心忡忡 倚靠在菜园灼热的矮墙旁 谛听着 荆棘蒺藜丛生处 鸟鸫咯咯的啼鸣声 草蛇爬行的瑟瑟声。 (
) Shen Emei, Liu Xirong,
1996 |
Faire la méridienne À midi faire
la méridienne, pâle, attentif à côté du mur
du jardin, lair si chaude brûle, là où poussent
broussailles et mauvaises herbes écouter le
clappement des oiseaux noirs, le ë froufrou des serpents. (
) |
* *
* Midi, le
soleil enflammé brûle le visage est
pâle, le coeur est lourd dinquiétude, sappuyer au muret incandescent du verger être en train
découter attentivement là où poussent
broussailles et ronces cot cot le
gazouillement des merles sss sss le glissement des couleuvres. (
) |
Cependant, si lon peut accepter facilement labsence de localisation temporelle relative pour les poèmes dominés par le temps présent, il est plus difficile de laccepter pour ceux dominés par le temps passés. En effet le « temps verbal » na pas pour seule fonction dindiquer une position temporelle relative. Le poème Nella serra (3)se compose de 4 strophes dont les deux premières sont consacrées à la description dune serre, et les deux dernières à une réflexion du poète.
(3)
Nella serra Sempì duno zampettio di talpe la limonaia, brillò in un rosario di caute gocce la falce fienaia. Saccese sui pomi cotogni, un punto, una cocciniglia, si udì inalberarsi alla
striglia il poney - e poi vinse il
sogno. Rapito e leggero ero intriso di te, la tua forma era il mio respiro nascosto, il tuo viso nel mio si fondeva, e loscuro pensiero di Dio discendeva sui pochi viventi, tra suoni celesti e infantili tamburi e globi sospesi di fulmini su me, su te, sui limoni... E. Montale, 1956 |
Dans la serre Un piétinement de taupes emplit la serre des citronniers, dans un chapelet de gouttes hésitantes la faux à foin brilla. Sur les coings salluma un point, une cochenille, on entendit se cabrer sous létrille le poney - et le rêve triompha. Ravi et léger, jétais imprégné de toi, ta forme était en moi souffle secret ; ton visage dans le mien se fondait, et lobscure pensée de Dieu descendait sur les quelques vivants, au milieu de sons célestes et de tambours enfantins et de globes pendus de foudres, sur moi, sur toi, sur les citrons... P. Angelini, 1991 |
在温屋 柠檬的温室里 一片鼹鼠的步声。 割草的镰刀 在串串露珠中闪闪发光。 缊孛树的果实, 胭脂红耀眼明亮, 戴着马嚼的小马发出怒吼 然后是战胜一切的梦乡。 我对你心醉神秘, 见到你轻松愉快, 你的容貌 就是我的悄悄的呼吸, 你的脸孔 同我的脸孔一样黝黑, 融为一体。 上帝的思想 只降临到少数生命头上, 在那 天宇的声音, 青年们的鼓声 和悬在闪电之间的星球之中 降到我头上, 你头上, 柠檬头上。。 Liu
Ruting,1992 |
Dans la serre Dans la serre des citronniers le bruit des pas des taupes. La faux à foin parmi rangs de perles de rosée brille. Les fruits du cognassier le rouge laqué éblouissant et brillant , le poney portant le mors pousse des rougissements après cest le rêve qui gagne sur tout. Je menivre de toi, te vois serein et joyeux, ton apparence est mon souffle secret, ton visage comme mon visage est brun, se fondent ensemble. Seule la pensée de Dieu tombe sur peu de vies, parmi les sons de lunivers, les
tambours des jeunes et les corps célestes suspendus parmi les éclairs tombe sur moi, sur toi, sur les citronniers
. |
La séquence de passés simples des deux premières strophes nindique pas seulement une perspective de rétrospection, (événement antérieur au moment de lénonciation) mais encore marque lentrée dans la dimension du récit. À travers lindice du temps verbal, lauteur transporte le lecteur non seulement dans un Temps différent, mais dans un univers différent, lunivers du récit. Enfin, la répétition du passé simple, temps caractérisant laction principale, crée un effet stylistique particulier : tous les verbes sont mis en relief et portés sur lavant-scène, doù leffacement de larrière plan. Dans la traduction chinoise, non seulement le relief, mais surtout la dimension du récit est perdue : là réside, à mon avis, la raison du sentiment de malaise face à cette traduction.
Les problèmes les plus significatifs apparaissent là où, en italien, on passe dune dimension temporelle à une autre : en chinois, tout passage dune dimension à lautre doit être signalée, le cas échéant, la séquence des verbes est ordonnée sur une même dimension. Revenons à lexemple (3) de Nella serra : le contraste thématique entre ces deux parties est souligné par une série de procédés stylistique, et en premier lieu par le changement du temps verbal : dans les deux premières strophes tous les verbes sont au passé simple, dans les deux dernières à limparfait. Le poème se déroule sur deux plans distincts : au premier plan, la description de la serre enfermée dans le cercle de laccompli marqué par le passé simple ; à larrière plan, la pensé du poète qui sépanouit dans une durée marquée par limparfait. Laction et la pensée ont un rythme différent, un tempo différent. Cela naffleure pas de la traduction chinoise, où lon na aucune distinction entre premier/ arrière plan, entre le rythme rapide de la première partie et le rythme plus lent de la deuxième.
À côté
du problème de l´expression des relations temporelles, une des principales
difficultés rencontrés par le traducteur est la relative rigidité de l´ordre
des mots en chinois. En effet cest la position relative
des mots dans la phrase qui permet didentifier leur rôle grammatical. Cette rigidité
est relative, car elle est propre au mandarin normatif, tel quon lenseigne à
lécole[7].
Or, la langue littéraire, et notamment la langue poétique, ne se conforment
nulle part à des normes imposées, et le poème cité tout à lheure de Montale
nest quun exemple. Or, cest ce que font souvent les traducteurs chinois de
Montale. Pourquoi ? Cette question dépasse le cadre de notre propos ici.
Prenons lexemple dune tournure de style propre à la poésie de Montale qui, se
heurtant à lordre normatif des mots du chinois, pose un problème en
traduction.
Celle-ci est habitée par une foule de choses, dobjets, qui ne se bornent pas au rôle traditionnel déléments de mise en scène, mais simposent en tant que présences authentiques et essentielles[8].
Couper lobjet des suggestions et des échos littéraires, pour atteindre une animation non plus subjective mais objective de la réalité, et dévoiler enfin lillusion du monde en tant que représentation[9] . Ainsi le poète déplace fréquemment la détermination après le nom de la chose[10] auquel elle se réfère. Souvent le nom de chose est isolé de son complément verbal au moyen dune proposition relative où le pronom relatif joue le rôle de sujet. On peut citer nombre dexemples :
(4)
La frangia dei capelli
La frangia dei capelli che ti
vela la fronte puerile, tu distrarla con la mano non devi. (
) E. Montale, 1956 |
La frange de cheveux La frange de cheveux qui voile ton front puéril, tu ne dois pas l écarter de la main. (
) P. Angelini, 1991 |
刘海 刘海遮住了你童稚的前额, 可你莫要用手撩开它。(
) Lü
Tongliu, 1992 |
La frange La frange a caché ton front puéril mais tu ne doit pas lécarter
de la main. (
) |
(5)
Delta La vita che si rompe nei
travasi secreti a te ho legata :
(
) E. Montale, 1925 |
Delta La vie qui se rompt dans les transfusions secrètes, je lai liée à toi : (
) P. Angelini, 1991 |
三角洲 生命支离破碎了, 悄悄地转移, 我把它和你联结起来:(
) Lü
Tongliu, 1992 |
Delta La vie sest brisée en morceaux, inaperçue bouge, elle et toi, je vous ai liées ensemble : (
) |
Or, en chinois, tout déterminant doit précéder son déterminé : la phrase relative est un déterminant du terme auquel elle se réfère, et donc le précède : il est évident que lopération opérée par Montale disolement du group nominal référant aux choses au moyen dune série dattributions et incidentes postposées constitue un problème. De plus, dans la plupart des cas la structure [group nominal + détermination postposée] est placée au début du poème : la relative, en isolant la chose du discours, la confine en même temps seule en ouverture du poème dans la position du thème.
Dans la plupart des cas, les traducteurs chinois ont préféré avoir recours à deux propositions coordonnées pour traduire la construction [group nominal + relative + group verbal]. Dans ce cas, le group nominal qui en italien est repris par le pronom relatif, apparaît en chinois dans les deux coordonnées : le traducteur le répète, ou bien a recours à une anaphore. Les exemples (4) et (5) illustrent cette structure. Par cette solution on conserve lordre des mots du texte italien (et donc la thématisation!), mais on attribue aux deux propositions le même niveau informationnel.
Dans lensemble, limpression que produit la lecture des traductions chinoises de Montale est celle détouffement : tout est expliqué, rien nest ambiguë, il ny a pas despace libre pour lessor de limagination. Cela contraste avec la brièveté et la rigueur des originaux.
Dans la plupart des cas, les traducteurs explicitent des relations syntaxiques supposées qui, ayant pour but de paraphraser le texte original, produisent un effet de redondance.
Cela est dautant plus étonnant quune riche tradition critique, en chinois et en langues occidentales, dénonce les premières traductions de poésie chinoise classique en anglais ou en français pour les nombreux ajouts de connecteurs, de sujets, de coordonnés temporelles etc.[11] On est donc étonné de retrouver dans les traductions chinoises de Montale la même tendance à lexplicitation de relations syntaxiques supposées même si, comme le démontre suffisamment labondante bibliographie linguistique tant sur la fonction sujet en chinois que sur les connecteurs, la présence de ces éléments nest nullement obligatoire. Revenons à lexemple (2) : Qian Hongjia choisit dajouter le sujet de première personne wo 我 (je) même là où le poète italien a soigneusement effacé toute trace de coordonnée temporelle et personnelle, en ayant recours à la forme semi-finie du verbe.
Lajout de marques syntaxiques supposées na quune fonction de paraphrase du texte original, comme le montre lexemple ci-dessus : le traducteur transforme le rapport didentification entre le mal de vivre abstrait et les images concrètes qui constituent ses corrélatifs objectifs[12] en un rapport de comparaison par lajout du verbe sihu 似乎 (sembler, apparaître comme).
(6)
Spesso il male di vivere ho incontrato
Spesso il male di vivere ho incontrato: era il rivo strozzato che
gorgoglia, era lincartocciarsi della
foglia riarsa, era il cavallo
stramazzato.(...) E. Montale, 1925 |
Souvent
jai rencontré le mal de vivre Souvent jai rencontré le mal de vivre : cétait le ruisseau étranglé qui gargouille, cétait la feuille qui se recroqueville, desséchée, cétait le cheval terrassé.(...) P. Angelini, 1991 |
生活之恶 我时时遭遇 生活之恶的侵袭 : 它似乎喉管扼断的溪流 暗自啜泣, 似乎炎炎烈日下 枯黄萎缩的败叶, 又似乎鸟儿收到致命打击 奄奄一息。(...) Lü Tongliu, 1989 |
Le
mal de vivre Souvent jai
cogné contre les
assauts du mal de vivre : ils ressemblaient
au ruisseau au cours étranglé qui à part soi
bouillonne, à la feuille
morte rajeunie et desséchée sous un soleil
brûlant, et encore à
loiseau abattu à mort exhalant le
dernier soupir. (...) |
On a limpression que les traducteurs, craignant lambiguïté et/ou lobscurité[13], sefforcent de produire un texte claire et immédiatement compréhensible. Mais, comme la souligné Antoine Berman, la traduction dune uvre littéraire na pas de fonction communicative : à chaque fois que la traduction se pose comme acte de communication, elle devient une non-comunication[14].
Jai repéré de nombreux ajouts de compléments du nom, de spécifications, voire de vers complets. Cette redondance paraphrastique nest pas balancée par un effort équivalent pour expliciter les références culturelles, qui demeurent quelques fois incomprises.
La première partie de cet article concernait la grammaire des langues en jeu ; dans cette seconde partie, je vais poser la question du contexte implicite.
Certes, il nest pas question dun paratexte ou intratexte glosant tout donné culturel ; le traducteur devrait établir un partage entre explications superflues - qui seraient redondantes - et explications bienvenues, indispensables à léclairage des notions opaques. Dans le cas présent, où les deux langues appartiennent à deux monde culturels fort éloignés, la nécessité de donner des points de repère au lecteur de la langue cible devient urgente.
Pour combler les blancs culturels, le traducteur peut choisir, en général, entre deux démarches différentes : soit il donne une brève explication à lintérieur du texte, soit il a recours à une note en bas de page. Lexemple suivant illustre un traitement positif des blancs culturels : Liu Ruting expose dans une note en bas de page le mythe de la nymphe Aréthuse (v. 7a), et explique à lintérieur du texte les vers e qualcosa che va e troppaltro che/non passerà la cruna (et quelque chose qui va et trop dautres qui/ne passeront pas le chas de laiguille) se référant clairement à lEvangile de St. Marc. Pour peindre la difficulté de laccès au paradis, Jésus pose la comparaison avec le passage à travers le chas dune aiguille. Le traducteur chinois préfère abandonner la fidélité à la lettre pour reconstruire un sens qui soit immédiatement compréhensible au lecteur chinois (combien de choses ne peuvent pas franchir la passe).
(7)
Lestate (
) Forse nel guizzo argenteo della
trota controcorrente torni anche tu al mio piede
fanciulla morta Aretusa. Ecco lomero acceso, la pepita travolta al sole, la cavolaia folle, il filo teso dal ragno su la spuma che
ribolle - e qualcosa che va e troppaltro
che non passerà la cruna... Occorrono troppe vite per farne
una. E. Montale, 1939 |
L été (
) Peut-être dans léclair argenté de la truite à contre-courant reviens-tu toi aussi à mes pieds enfant
morte Aréthuse. Voici lépaule en feu, la pépite entraînée au soleil, la piéride folle, le fil de laraignée tendu sur lécume qui bouillonne - et quelque chose qui va et trop dautres qui ne passeront pas le chas de laiguille... Il faut trop de vies pour en faire une. P. Angelini, 1991 |
夏 (
) 鳟鱼逆流而上 欢快地跳跃闪着银光 仙女阿瑞图萨 * 你也复苏重返我的身旁。 山峰张开双臂, 金砖 在阳光下熠熠闪光, 彩喋纷飞, 蜘蛛 在翻腾的泡沫上织起丝网。 世间一物生长 却有多少事物不能过关.... 众多的生命才能形成一条生命。 * 阿瑞图萨, 希腊传说中的神女, 海中神女之一。 河神啊尔甫斯钟情于她, 她为躲避化成水泉, 啊尔甫斯则变成河, 努力追赶, 终于追上, 河水于泉水河流。 Liu
Ruting, 1992 |
Létè (
) La truite monte à contre-courant gaiement saute en miroitant une lumière argentée déesse Aréthuse* toi aussi reviens à la vie retourne à côté de moi. Les cimes ouvrent leurs bras, lingots dor sous le soleil brillent scintillants les papillons multicolores voltigent, laraignée sur lécume qui bouillonne tisse la toile. Dans le monde une chose grandit mais combien de choses ne peuvent pas franchir la passe ... Une multitude de vies arrive à peine à en faire une. * Aréthuse, divinité de la tradition grecque, une des divinités de la
mer. La divinité du fleuve Alfeo étant amoureux delle, elle se mua en source pour léchapper.
Alfeo alors se mua en fleuve et la poursuivit avec tenace ; enfin, il la
rattrapa, et les eaux du fleuve et de la source coulèrent ensemble. |
Dans le corpus des traductions de Montale, les notes en bas de pages sont plutôt rares. Dans le principal recueil monographique sur Montale en chinois (1992), on trouve une cinquantaine de notes sur un total de 173 poèmes, soit un rapport de une sur quatre.
La plupart des notes fournissent des données factuelles : un bon nombre donnent les coordonnées des lieux géographiques cités, les dates des naissance et de mort des personnages historiques et lhistoire des personnages mythiques.
Certaines notes senracinent dans des failles du texte traduit : par exemple, en choisissant des caractères généralement utilisés en chinois dans les prénoms de fille pour transcrire phonétiquement le prénom Dora, on aurait pu, comme la fait Yip Wai-lim, se dispenser des notes laconiques ajoutées par les autres traducteurs du type prénom de fille[15].
Les traducteurs des
poèmes de Montale manifestent une attention particulière à la géographie
italienne. Cela aide le lecteur à trouver des points de repères dans un espace
étranger, mais, dans la plupart des cas, ne constitue pas un support
significatif à la reconstruction des échos et du sens du poème. Plus
intéressant, encore que discutable, est le travail effectué par certains
traducteurs pour modifier lambiance de Montale afin de lapprocher à
limaginaire et à lexpérience du lecteur chinois. La visée nest pas une
translation littérale du texte original, mais plutôt la reconstitution du
rapport que le texte original instaure avec son lecteur italien. Le paysage
dans lequel sinstalle celui-ci est parfois très différent non seulement du
paysage typique de la poésie chinoise classique, mais surtout du paysage dont
le lecteur chinois a lexpérience. Le nespolo
(néflier) devient alors larbre des lychees[16]
, le chien danois un pékinois[17]
. Le merle est oiseau commun en Europe mais non pas en Chine : en dépit de
lexistence en chinois dun équivalant reçu, jamais les traducteurs chinois ny
ont recours. Il devient soit un générique petit oiseau (xiao niao 小鸟) soit oiseau de montagne (shan niao 山鸟)[18],
ou un corbeau(wuya 乌鸦)[19],
ou encore huamei 画眉[20] (garrulax canorus), un oiseau célèbre
pour son chant très répandu en Chine mais pas du tout en Europe.
Ce travail
dacclimatation du paysage de Montale au lecteur chinois a parfois donné des
résultats discutables : dans le poème I
limoni[21],
Lü Tongliu traduit cimase (cimaise)
par feiyan飞檐
: ce
terme désigne non seulement corniche dans un sens générique, mais il est
utilisé dans les textes spécialisés darchitecture pour indiquer les corniches recourbées
vers le haut typiques des constructions chinoises et extrême-orientales.
Les références à
lhistoire, nombreuses surtout dans les poèmes écrits vers les années
Trente-Quarante - sont en général restituées ou annotées en traduction : on
trouve cependant des contre-exemples parfois grotesque, comme la bomba ballerina (bombe ballerine) se référant
à la guerre, et non pas à des bruits de joie (huankuai shengxi 欢快声息) ainsi que le traduit Liu
Ruting[22].
Le traducteur na pas saisi la triste ironie sur laquelle se joue le poème, où
le fracas de la guerre est comparé à celui dune fête.
Les références littéraires aussi, au moins les principales, ont été traitées en général de façon satisfaisante : les noms des écrivains ont été annotés, même si brièvement. Les nombreuses échos de Dante et de la Divine Comédie aussi ont été reconnues et expliquées, en note ou dans le texte : Caron, le limbe, Lucifer, lenfer. Seuls les indices plus cachés, comme par exemple le mouvement de descente qui est en premier lieu descente en enfer, trajet de souffrance et en même temps de résurrection, nont pas été reconnus. La Comedia de Dante est bien connue des lecteurs cultivés chinois, et lon peut supposer particulièrement du public qui sintéresse à Montale. Par exemple, dans le poème Arsenio, il se peut que, même en labsence de glose, la traduction exacte des trois verbes répétés discendi ait pu parler au lecteur chinois. Cependant, Liu Ruting ne saisit pas lévocation du texte original, et traduit deux occurrences de discendi par zou lai走来 (sapprocher), qui indique un mouvement horizontal. Il nest plus question dexplication bienvenue, superflue ou manquante ; on est ici sur le niveau premier de la compréhension du poème dans lensemble de ses évocations.
Les problèmes majeures concernent sûrement les références religieuse. Ce nest pas un hasard si tous les critiques chinois de Montale dénoncent lobscurité du troisième recueil, le plus mystique. Cest une obscurité qui dérive dune difficulté dinterprétation et de repérage à lintérieur du réseau serrée de symboles tirés de la religion chrétienne. Si les traducteurs comprennent et reconstituent dans leurs textes les éléments de base du Christianisme, comme la croix, le sang, la lumière comme symbole de Dieu, ils glissent sur beaucoup dautres, comme les stigmates, lEpoux, etc.. Le cassage de nombreuses références cause la perte de latmosphère mystique du recueil, pourtant très évidente dans le texte original. On donne un exemple : la lettre majuscule qui distingue lamour en sens générique de lAmour de Dieu pose un problème de traduction en chinois, motivé non seulement par labsence de familiarité du monde culturel chinois avec le Christianisme, mais encore par le manque, dun moyen graphique comparable dans lécriture chinoise. On regarde lexemple (8) : si la référence à Amour avec A majuscule est tout à fait opaque dans la traduction de Liu Ruting, elle donne lieu à un contresens dans celle de Qian Hongjia, qui traduit par Dieu de lamour.
(8)
Languilla Languilla, la sirena dei mari freddi (...) languilla, torcia, frusta, freccia dAmore in terra (...) E. Montale, 1956 |
Languille Languille : sirène des mers froides (...) languille, torche, cravache, flèche dAmour sur terre (...) P. Angelini, 1991 |
鳗鱼 鳗鱼啊, 寒冷的海洋上的汽笛声(...) 你, 环形圆纹的鱼儿 象一条鞭子;你是大地的爱神之箭(...) Qian
Hongjia, 1988 |
Languille Anguille, sifflement de sirène sur la mer froide (
) toi, poisson annulaire comme un fouet ; tu es la flèche du dieu de lamour sur terre (
) |
鳗鱼 鳗鱼,北冰洋的美人鱼(...) 鳗鱼,大地之爱的火把
大地之爱的鞭子,大地之爱的箭
(...) Liu
Ruting, 1992 |
Languille Anguille, sirène de locéan arctique (
) anguille, torche damour sur terre fouet damour sur terre, flèche damour sur terre (
) |
Des fautes témoignant une connaissance superficielle du milieu concernent aussi la culture matérielle: dans lexemple suivant, finto gallo est une girouette et sûrement pas un vrai coq comme lécrit la traduction[23].
(9)
Upupa, ilare uccello
calunniato
Upupa, ilare uccello calunniato dai poeti, che roti la tua
cresta sopra laereo stollo del
pollaio e come un finto gallo giri al
vento. (
) E. Montale, 1925 |
Huppe, joyeux oiseau calomnié
Huppe, joyeux oiseaux calomnié par les poètes, qui roule ta crête sur laérien perchoir du poulailler et, feignant dêtre un coq, tournes au
vent ; (
) P. Angelini, 1991 |
戴胜鸟 戴胜鸟, 你依照快活自在 诚然遭到诗人们的诅咒, 你在草垛的树干上 转动你的羽冠 多像一只雄鸡迎风闲步。(...) Lü
Tongliu, 1992 |
Huppe Huppe, tu est encore libre et heureuse même si tes tombée sur les imprécations des poètes, tu sur le poteau dune meule de paille tournes ta crête que tu ressemble à un coq qui traîne à lencontre du vent. (
) |
Dans le poème Languilla, sirena
indique lêtre mythique mi-femme mi-poisson, ainsi que linterprète Liu Ruting,
et non pas le son aigu du sifflement dune sirène ainsi que lentend Qian
Hongjia[24]
; dernier exemple de cette liste non-exhaustive, les vers la storia non è magistra/ di niente
che ci riguardi[25] (lhistoire
ne nous enseigne/ rien qui nous concerne) veulent clairement réfuter le proverbe
latin historia magistra vitae, et la
traduction de magistra par shenpan guan 审判官 (magistrat) est presque
ridicule, dautant plus si lon considère que la valeur de lhistoire comme
guide pour laction dans le futur nest pas du tout étrangère à la pensée
chinoise, au contraire. On a limpression que le traducteur, nayant pas trouvé
le terme magistra dans le
dictionnaire italien-chinois, ait choisi celui figurant en dessous, magistrato (magistrat).
Dautre part, jai relève un
nombre significatif de fautes dinterprétation dorigine purement linguistique
aussi. En excluant tout problème concernant distance culturelle, figures du
discours plus ou moins figées dans la langue source, sens deuxième ou
allégorique, ironie, etc., ces erreurs témoignent des lacunes des traducteurs
dans leur connaissance de la langue italienne : on demeure là au niveau brut de
la compréhension dun texte. On trouve deux types de fautes, les erreurs
dinterprétation de la structure grammaticale et les erreurs dinterprétation
des mots polysémiques. La majorité des fautes dinterprétation de la structure
grammaticale dérivent dune manque de familiarité avec les prépositions
italiennes et leur usage. Un seul exemple, dans le syntagme la zia di Pietrasanta[26]
(la tante de Pietrasanta), Pietrasanta est le lieu dorigine, et non pas le
prénom de la tante ainsi que lentend le traducteur. Si lon sattend que le
traducteur ne connaisse pas Pietrasanta, petit village de Ligurie, la
préposition di aurait dû lui suggérer
que ce nétait sûrement pas un prénom, mais plutôt un toponyme : la
construction di + prénom nest pas
attesté en italien. Je donne un dernier exemple derreur sur les mots
polysémiques : le mot italien riccio,
en fonction nominale, signifie soit hérisson, soit boucle. Le traducteur Liu
Ruting se tient au milieu entre les deux sens de riccio, doù le syntagme hérisson frisé (juanmao haozhu 绢毛豪猪)[27].
Il nest plus question alors de partage entre explication bienvenue, superflue ou manquante ; on demeure ici sur le niveau premier de la compréhension du poème dans lensemble de ses évocations.
Je reviens, pour conclure, à
ce que je disais au début sur lhistoire trop courte des études italianistes en
Chine. Des erreurs, parfois grossières, témoignent dune préparation insuffisante
de certains traducteurs. Cela nexclut pas la présence de quelques traducteurs
ayant une culture plus raffinée, ayant produit des textes qui peuvent être lus
avec plaisir. Cependant, dans la perspective de la rencontre des
civilisations, c´est un cas particulièrement encourageant : on a deux pays
éloignés, deux langues relativement différentes, un poète italien
particulièrement difficile, des traducteurs chinois qui ne bénéficient d´aucune
tradition ancienne de lecture de l´italien et pourtant, le résultat, sans être
toujours satisfaisant, offre au lecteur chinois une première entrée dans un des
sommets de la culture et de la littérature italienne moderne.
RÉFÉRENCES
BibliographiQUES :
Montale Eugenio, Ossi di
seppia, Torino, Gobetti, 1925
______ Le occasioni,
Torino, Einaudi, 1939
______ La bufera e altro,
Venezia, Neri Pozza, 1956
______ Satura, Milano,
Mondadori, 1971
______ Diario del 71 e del 72, Milano, Mondadori, 1973
______ Quaderno di quattro
anni, Milano, Mondatori, 1977
______ Altri versi,
Milano, Mondatori, 1981
______ Poèmes choisis 1916 -
1980, Paris, Gallimard, 1991 (Angelini Patrice Dyerval trad.)
Gu Zhengkun, 辜正坤, éd., Shijie ming shi
jianshang cidian 世界名诗鉴赏词典 (Dictionnaire de poèmes célèbres
du monde), Beijing, Beijing daxue, 1990
Lü Tongliu吕同六, éd., Tianmi de shenghuo甜蜜的生活(La dolce vita), Guilin, Lijiang, 1986
Lü Tongliu, , trad., Mengtalai shixuan 蒙塔莱诗选 (Montale. Poèmes choisis), Changsha, Hunan wenyi,
1989
Lü Tongliu, Liu Ruting 刘儒庭, trad., Shenghuo zhi e 生活之恶 (Le mal de vivre), Guilin, Lijiang, 1992
Qian Hongjia, 钱鸿嘉, trad., Kuaqimoduo,
Mengtalai, Wengjialeidi shixuan 夸齐莫多,蒙塔莱,翁加雷蒂诗选 (Montale, Quasimodo
et Ungaretti. Poèmes choisis), Beijing, Waiguo wenxue, 1988
Shen Emei沈萼梅·, Liu Xirong刘锡荣, Yidali dangdai wenxue shi意大利当代文学史(Histoire de la littérature
italienne contemporaine), Beijing, Waiyu jiaoxue yu yanjiu, 1996
Yip Wailim叶维廉, trad., Zhongshu
changge 众树唱歌(Le chant
de la foret),
Taipei, Yangguotai, 1974
[1] Pour une bibliographie des traductions chinoises de Montale, voir Barbara
Leonesi, Il poeta del male di vivere. Montale
in Cina, Alessandria, Edizioni
dellOrso, 2000, p. 82 95.
[2] Voir à ce sujet Barbara Leonesi, Le letterature
come strumenti del dibattito politico: una tradizione dura a morire. Il caso
Montale, in Clara Bulfoni, éd., Tradizione
e innovazione nella civiltà cinese, Milano, FrancoAngeli, 2002 et, du même
auteur, Il poeta del male di vivere. Montale in Cina, op. cit., p. 13 20.
[3] Dans larticle Xingfu. Wai sans
shou 幸福。外三首 (Bonheur et trois autres
poèmes) publié dans le premier numéro de la revue Waiguo wenyi 外国文艺 (Culture étrangère) en 1978, Lü Tongliu,
un des italianistes chinois les plus réputés présente la biographie et luvre
de Montale, et traduit quatre poèmes, notamment Felicità raggiunta, si cammina
, Cigola la carrucola del pozzo.., Corno inglese et Meriggiare
pallido e assorto
. Cest la première parution de traductions de poèmes de
Montale en Chine populaire.
[4] Les traductions françaises des poèmes de Montale sont tirées de E.
Montale (Patrice D. Angelini trad.), Poèmes
choisis 1916 1980, Paris, Gallimard, 1991.
[5] Dans tout le texte, les verbes chinois nont pas de marques de mode,
de temps ou de personne. Jai choisi de traduire cette forme normative du verbe
chinois par le présent de lindicatif, pour la valeur déictique et en même
temps non déictique de ce temps, qui représente la forme non marquée du
français.
[6] Toutes les versions en français des traductions chinoises de Montale
sont effectuées par lauteur ; étant des « traduction de
service » ou de travail, ayant pour but daider le lecteur à suivre le
texte chinois, jai choisi de rester le plus proche possible du chinois. Il ny
a pas deffort pour la restitution du niveau esthétique.
[7] Date de la fin des années Cinquante la grande campagne pour la
normalisation de la langue dans lensemble du pays selon les normes fixés pour
le putonghuab 普通话 ou langue commune.
[8] Les critiques italiens ont forgé lexpression poetica delloggetto (poétique
des choses) pour indiquer cette tournure de style particulière, prenant lessor
de sa réflexion sur le sens du monde et de la vie. Voir Angelo Jacomuzzi, La poesia di Montale.
Dagli Ossi ai Diari, Torino, Einaudi, 1978, p. 5.
[9] Eugenio Montale, Sulla poesia, Milano,
Mondadori, 1976, p. 565.
[10] Pour nom de chose jentends les substantifs avec référant concrète inanimé.
[11] Voir Eugene Chen
Eoyang E., The Transparent Eye,
Honolulu, University of Hawaii Press, 1993 et Yip Wai-lim, Diffusion of distances, Berkeley - Los Angeles - Oxford, University
of California Press, 1993.
[12] Les critiques occidentaux de
Montale ont eu recours à la notion de correlatif objectif ainsi quelle a été
définie par T.S. Eliot : in The Sacred
Wood: Essays on Poetry and Criticism, London, Methuen, 1920: A set of
objects, a situation, a chain of events which shall be the formula of that
particular emotion; such that when the external facts, which must terminate in
sensory experience, are given, the emotion is immediately evoked. Montale, par ailleurs, a été traducteur et critique de Eliot.
[13] A propos d obscurité, on rappelle le débat enflammé qui souvrît en
Chine à la fin des années 70, lors de la naissance du courant de poésie nommé
obscure (menglong shi 朦胧诗) : le poète Ai Qing (艾青 1910 1996), aligné sur le
pouvoir, défendît la valeur incontournable pour toute uvre dart de la clarté
dexpression, afin que le plus grand nombre de gens puisse en bénéficier. Voir Stefania Stafutti, Montale e la Cina, in Sigma, XX, n. 3, 1995, p. 161 -
178.
[14] Voir Antoine Berman, La
traduction et la lettre, ou lauberge du lointain, Paris, Seuil, p. 70
(première édition pour Mauvezin, Trans-Europ-Repress, 1985).
[15] Eugenio Montale, Dora Markus,
1939. Traductions chinoises : Yip Wai-lim, Tangna 唐娜, 1974 ; Lü Tongliu, Duola Maerkushen 多拉 马尔库什, 1992 ; Qian Hongjia, Duola Magusi 多拉 马古斯, 1988.
[16] Eugenio Montale, Ti libero la fronte dai ghiaccioli..., 1939.
Traduction chinoise : Lü Tongliu, Wo wei
ni shi qu e shang de bingshuang我为你拭去额上的冰雪 (Je tessuie la glace sur la front), 1989.
[17] Eugenio Montale, Al mare (o quasi), 1977. Traduction
chinoise : Lü Tongliu, Zai haitan (huozhe
jihu zai haitan) 在海滩或者几乎在海滩 (A la plage (ou presque à la
plage)), 1989.
[18] Eugenio Montale, Meriggiare pallido e assorto..., 1925. Traductions
chinoises : voir p. 3, exemple (2).
[19] Eugenio Montale Forse non era inutile..., 1981.
Traduction chinoise : Lü Tongliu, Yexu
bingfei tulao wuyi 也许并非徒劳无益(Peut-être ce nétait pas inutil),
1992.
[20] Eugenio Montale, Gli uccelli parlanti, 1977. Traduction
chinoise : Liu Ruting, Hui shuuohua de
niao 会说话的鸟 (Les oiseaux parlants), 1992.
[21] Eugenio Montale,
I limoni, 1925. Traduction chinoise : Lu Tongliu, Ningmeng 柠檬 (Les citrons), 1986.
[22] Eugenio Montale, Brina sui vetri; uniti..., 1939. Traduction
chinoise : Liu Ruting, Boli chuang
yingchu yin si玻璃窗映出银丝(La fenêtre vitrée reflète des
fils argentés), 1992.
[23] Mais le traducteur français tombe dans la même erreur!
[24] Voir exemple (8), p. 11.
[25]
Eugenio Montale, La storia, 1971.
Traduction chinoise : Liu Ruting, Lishi历史(Lhistoire), 1992.
[26] Eugenio Montale, Una visitatrice,
1981. Traduction chinoise : Liu Ruting, Yi ge nü lai fangzhe 一个女来访者 (Une visitatrice),
1992.
[27] Eugenio Montale, A pianterreno,
1971. Traduction chinoise : Liu Ruting, Loufang
de diceng楼房的底层 (Le bas étage de
la maison), 1992.
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