À la découverte des vitraux du père Jean chevalier

LUC BERTRAND ONDOBO

Université de Yaoundé 1

Résumé 

Les églises de Yaoundé et des environs s’apparentent à de véritables galeries d’art, car elles renferment des œuvres réalisées sur plusieurs types de supports. A côté de rares toiles réalisées sur l’ « obom », s’étalent de nombreuses fresques. Très accidentelles sont les peintures de verres qui atténuent, tamisent et distillent une lumière favorable à la concentration spirituelle. Les verriers se nommaient alors le Père Hector Dubourget et le Père Jean Chevalier. Ce dernier semble celui qui a le plus posé des vitraux. Cette étude veut démontrer que les vitraux du Père Jean Chevalier sont mal connus et ceci pour plusieurs raisons : soit ils ne sont pas signés, soit certains lui sont attribués alors qu’il n’en est pas l’auteur. Aujourd’hui, les vitraux restent importés quand ils ne sont pas imités. La première partie dresse un sommaire biographie du Père Chevalier en insistant sur sa formation artistique et religieuse d’une part, et sur son parcours missionnaire au Cameroun, d’autre part. Le deuxième arrêt recense les vitraux de Chevalier à Yaoundé et ses environs. Dans la troisième articulation, une étude des vitraux d’autres artistes nous permet de distinguer les vitraux de Jean Chevalier de ceux de ses confrères. Cette différenciation s’est faite par le truchement d’une analyse matérielle et morpho-stylistique.

Mots-clés : Jean Chevalier, Vitraux, Art Religieux, Yaoundé, Conservation.

Abstract

Churches in Yaounde and its surroundings look like true art galleries because they contain numerous works of art made on several media. A good number of frescos are to be found near few paintings realized on the “obom”. It is very uncommon to find stained-glasses which dim, subdue and provide light that is favorable to spiritual concentration. The specialists in stained-glasses who produced these pieces are Father Hector Dubourget and Father Jean Chevalier. The latter is seen as the one with the most stained-glasses. This research intends to show that Father Jean Chevalier’s stained-glasses are unknown for many reasons: either they are unsigned or those attributed to him are not his work. Nowadays, stained-glasses are either imported or imitated. The first part summarizes Father Chevalier’s biography. It first of all insists on his religious and artistic training and then on his missionary work in Cameroon. The second part is an inventory of Chevalier’s stained-glasses in Yaoundé and its surroundings. The third part scrutinizes stained-glasses made by other artists in order to distinguish Chevalier’s stained-glasses from those of other glass painters. This was possible thanks to material and to morpho-stylistic analysis.

Keywords: Jean Chevalier, Stained-glasses, Religious art, Yaoundé, Conservation.

1. Biographie du père chevalier

Il existe quatre Jean Chevalier dans l’histoire de l’Eglise et en Histoire de l’Art. Il s’agit d’abordde Mgr Jean Chevalier, Préfet Apostolique de Gorée en 1776 et décédé en 17771. Un autre Jean Chevalier existe comme peintre animalier. Un troisième Jean Chevalier a coécrit le Dictionnaire des symboles en 1969 avec Alain Gheerbrant. Théologien, ce Chevalier travailla également à l’UNESCO2. Le Père Chevalier dont il est question ici voit le jour le 22 mars 1922 à Issy-les-Moulineaux3, chef-lieu de canton du Département des Hauts-de-Seine, en région Île-de-France. Missionnaire spiritain, le Père Chevalier est aussi un mordu de l’art. Il décède à Chevilly-Larue le 24 janvier 1996.

A- Formation et parcours professionnels

Il sera question, d’une part, de voir comment le Père a été initié dans l’art et comment et où s’est opérée sa formation religieuse, d’autre part. Nous esquisserons par ailleurs les missions dans lesquelles il a séjourné durant sa carrière de missionnaire.

A-1. Formations artistique et missionnaire

A-1-a. Artistique

Au vu de l’immense œuvre du Père Chevalier, on n’hésiterait pas à chercher les écoles de beaux-arts l’ayant formé. Le Père Chevalier est un self-made-man. Aucune école d’art ne l’a moulé. Pour le P. Adrien Rémy, Jean était un artiste autodidacte, au sens fort du terme : il n’a jamais fréquenté une école des beaux-arts, mais a su profiter de ses relations avec le P. Moll, un des bâtisseurs de la mission de Mbalmayo, et avec le P. Dubourget, artiste4. Le don d’observation fulgurant5 de Chevalier lui a permis d’hériter d’un art noble qui l’a hissé au rang des meilleurs artistes de l’art chrétien au Cameroun. La parfaite maîtrise de l’art et surtout du vitrail a sans doute soutenu ce religieux dans sa mission pastorale. Avec lui, l’adage une image vaut mille mots retrouvait toute son importance.

Le Père Chevalier était un artiste accompli. Doué dans tous les domaines, il promenait son imagination dans presque toutes les techniques de l’art. Rien de l’architecture, de la peinture à huile, de la sculpture et des vitraux ne lui échappait vraiment. Perdant la patience face à l’incompréhension des autres ou à leurs lenteurs, Chevalier exécutait personnellement les principales tâches de ses travaux. Les membres de son équipe ne se résumaient alors qu’en de simples manutentionnaires qu’on ne peut assimiler à des apprentis. Obligé de travailler seul et courbé, le verrier finit par avoir le mal de dos6. Chevalier a rarement signé ses œuvres à Yaoundé et autour. On aperçoit sa signature uniquement sur les vitraux de la chapelle de l’Université Catholique d’Afrique Centrale à Nkolbisson. Jean Yves Nkodo et un certain MD cosignent également cette toile.

A-1-b. Missionnaire

Comme pour la majorité des spiritains, le Père Jean Chevalier a suivi sa formation à Chevilly. Seulement, son séjour dans cet établissement est abrégé de deux ans parce qu’il quitte le noviciat avant ses promotionnaires, pour le Cameroun, où il continue et achève ses études. En réalité, quand Jean Chevalier arrive au Cameroun, Mgr Graffin le place sans tarder au séminaire pour en faire un prêtre de son diocèse. Ce qui se concrétise le 13 avril 1951 à Yaoundé7, avec son ordination sacerdotale par Mgr Graffin en personne. Le prêtre artiste retrouve sa place au sein de sa congrégation d’origine en 1960.

A-2. Parcours professionnel

A-2-a. Mission catholique de Minta

A sa sortie du séminaire, le Père Jean Chevalier est affecté à la mission catholique de Minta, où il résidera de 1955 à 1970. Durant ce séjour, la paroisse de Minta connaît une métamorphose générale. Toutes les composantes de cette paroisse vont connaître une véritable mutation.

A-2-b. Missions catholiques Dizangué et de Piti

Après avoir passé quinze ans à Minta, le Père Chevalier sera placé à Dizangué comme vicaire de 1970 à 1993. La paroisse de Piti l’accueillera entre 1993 et 1995.

B- Quelques œuvres artistiques du Père Chevalier

Artiste autodidacte de renom, Chevalier s’est exprimé en peinture, en sculpture et en architecture. La remarquable finesse de ses œuvres leur confère un style particulier. Nous ne nous intéresserons pas à l’ensemble de sa production sculpturale et picturale, mais nous ferons une excursion à Minta pour découvrir l’église qui y fut construite sous son égide.

B-1. Eglise de la paroisse Sainte Croix de Minta

B-1-a. Le contexte historique

La mission catholique de Minta est fondée en 1955 par Monseigneur Graffin qui nomme le Père Jean Chevalier comme premier curé. Ce dernier entame aussitôt les travaux de construction et d’équipement de sa paroisse. Ces travaux reçoivent le soutien des chefs traditionnels et des populations. Les hommes, les femmes et les enfants sont actifs dans la scierie, la menuiserie, la briqueterie, le transport des briques et la maçonnerie. Située à environ 60 kilomètres de Nanga-Eboko, Minta comptait en 1968 deux prêtres, 2031 catholiques, 250 catéchumènes, 800 protestants, une trentaine de musulmans. Trois religieuses représentaient la congrégation des Filles de Jésus-de-Karmaria8. Les missions proches de Minta sont alors Nanga-Eboko et Bibé fondées respectivement en 1934 et 1940.

Photo 1 : Façade principale, église de Minta, 30-07-2016.

Photo 2 : Mur méridional décoré de bouteilles, église de Minta, 30-07-2016.

B-1-b. Un patrimoine artistico-cultuel à conserver

Après la réalisation des sous-œuvres, l’édification de cette église débute avec la pose de la pierre-date en 1959 par Monseigneur René Graffin9. Plusieurs matériaux constituent cette église. Il s’agit notamment des briquettes en terre cuite, du bois, du ciment, du fer et des verres (bouteilles). Avec son toit en appentis ou à un seul versant supporté par une charpente en bois, l’église de Minta (photo 1) s’étend sur 33 mètres sur 28 mètres. L’actuelle couverture en tôles back est la troisième, la première ayant été arrachée par une tornade. Tous les murs sont en briquettes de terre cuite entièrement crépis et peints à l’intérieur. Ces murs sont percés d’exceptionnels baies pour laisser entrer l’air et la lumière. D’un côté, d’abondants claustras carrés filtrent l’air et, de l’autre, des bouteilles de couleurs verte, jaune et blanche teintent la lumière (photo2). Le temple se démarque par son plan qui se distingue du plan basilical et du plan centré. Cette église ne connaît qu’une seule nef, la nef centrale. Sans transept, la croix (latine) ne se dessine donc pas au sol comme dans la majorité des églises.

En cinquante ans d’existence, ce bâtiment à reçu plusieurs coups. Ceux-ci ont ipso facto terni son image. Les vitraux constituent les victimes majeures de cette dégradation. La chapelle saint Joseph logée dans l’église dispose de deux vitraux de 200 cm sur 190 cm (photo 3) et de 195cm sur 60 cm (photo 4). A moins d’un mètre du sol, ces deux œuvres ont déjà perdu une grande partie de leurs verres. Maria Nya Minta 10(photo 5), un autre vitrail, à la gauche de l’autel, demeure mieux conservé grâce à sa situation à environ deux mètres du sol. Le beau décor constitué par l’harmonieux agencement des bouteilles des Brasseries du Cameroun se détériore progressivement avec la destruction des bouteilles. Il importe alors de prendre des mesures idoines pour sauvegarder ce joyau architectural qui s’intègre merveilleusement dans un complexe fait d’une école catholique, d’une salle de réunion, d’un dispensaire, de l’ancienne résidence des Sœurs et du presbytère.

Photo 3 : Vitrail de la chapelle Saint Joseph, église de Minta, 200x190cm, 30-07-2016.

Photo 4 : Vitrail de la chapelle Saint Joseph, église de Minta, 195x60cm, 30-07-2016.

Photo 5 : Vitrail dédié à Marie : Marie Nya Minta, 375x225cm, Minta, 30-07-2016.

B-2. Le Christ en gloire de Nkolmeyang

B-2-a.Description du tableau

L’église de Nkolmeyang, dans l’arrondissement de Nkolafamba, expose une œuvre issue des mains du Père Chevalier qui ne l’a ni signée ni datée. Cependant, un extrait du n° 905 de juillet 1992 de la revue St. Joseph d’Allex11 nous indique que cette fresque est du P. Jean Chevalier. Sur un fond rouge, apparaissent sept personnages dominés par le Christ. Une immense flamme jaune crachée de toute évidence par le dragon met le Rédempteur en surbrillance. La queue de ce dragon sert d’appui à la vierge, côté gauche de Jésus. A sa droite arrivent successivement saint Pierre, saint Jean et deux autres saints. Si saint Pierre, avec ses clés et son pallium, semble suspendu dans l’espace, les trois autres saints s’appuient sur des jetons d’Abbia.

B-2-b. Conservation

Régulièrement utilisé comme tableau d’affichage de communiqués et supports de décoration lors des grandes fêtes chrétiennes, ce chef-d’œuvre court inéluctablement vers sa destruction totale ; ce qui amplifierait la liste des œuvres détruites du Père Chevalier12 et de bien d’autres artistes auteurs d’œuvres d’art sacré dans les églises. Nous n’y avons rien trouvé de collé, mais notre pensée reste fondée et justifiée. Les nombreuses taches blanches qu’on y voit émanent simplement des collages et décollages des papiers jadis affichés. Des bouts de ruban adhésif et de papier hygiénique enroulés séjournent encore à la base de cette peinture. On assiste à ce phénomène uniquement à environ deux mètres du sol, ce qui correspond à la taille humaine. La fresque ne souffre d’aucun traumatisme au-delà de cette hauteur.

2. Les vitraux : œuvres majeures

Nous avons remarqué de rares verres colorés dans certaines églises de Yaoundé et de ses environs : CNDVY13, UCAC, Omvan, Akono, Bikop, Bikoué, Assamba-assi, Nkolmeyang, Nkoabang. De toutes ces productions, une seule est signée du Père Chevalier. Il s’agit d’ailleurs d’une co-signature avec Jean Yves Nkodo et un certain MD. Il va donc de soi qu’en dehors des vitraux de Nkolbisson et de Nkoabang (signé par MD seul), les autres ne portent pas de signatures, bien qu’ils soient attribués à plusieurs autres auteurs, alors qu’il se dit que Chevalier était le verrier le plus sollicité malgré la présence du Père Hector Dubourget (CNDVY et Akono) et de ceux cités ci-dessus. Nous regroupons alors ces vitraux en deux. Le groupe des vitraux signés ou reconnus et celui des non signés ou méconnus.

A. Les vitraux signés ou attribués au Père Chevalier

Dans ce registre, on recense deux sites. Il s’agit de la chapelle saint Augustin de l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC) à Nkolbisson et de l’église Notre-Dame des Sept Douleurs d’Akono. Si les vitraux de la première église sont signés, il n’en est pas de même pour ceux de la seconde.

A-1. La chapelle de saint Augustin de l’UCAC à Nkolbisson

A-1- a. L’iconographie

La morphologie générale de ce vitrail rappelle une colombe descendant du ciel. Ce motif est aussi visible sur un des vitraux de la chapelle de Bikop. Cette colombe en vol plongé symbolise le Saint-Esprit. La forme aviaire de la structure ne constitue qu’un théâtre sur lequel se développent plusieurs scènes bibliques. On y repère, entre autres, la sainte Cène, Eve donnant la pomme à Adam, l’assassinat d’Abel par Caïn (photo 6), la sainte Famille, le Christ en croix, le sacrifice d’Isaac et une séquence de l’Apocalypse. Cet épisode apocalyptique occupe une place de choix sur le tableau et illustre le dragon voulant dévorer l’enfant. La Cène et la sainte Famille sont mises en exergue par des cercles.

A-1- b. La conservation

De tous les vitraux de Yaoundé, seuls ceux de l’Université Catholique d’Afrique Centrale et de la basilique de Mvolye demeurent intacts. Cette bonne conservation n’est pas due uniquement à leur relative jeunesse14. D’autres facteurs militent en faveur de ce bon état de conservation. Primo, cette toile de verre se trouve à plus de trois mètres du sol et sur l’éperon de la chapelle. Secundo, les panneaux vitrés sont entièrement protégés des intempéries, des oiseaux et des projectiles par une immense couverture de verre (photo 7). Jean Yves Nkodo affirme avoir restauré ces vitraux entre 2014 et 2015, alors qu’ils étaient menacés par les pluies. C’est à cette occasion qu’il a accroché la verrière de protection extérieure. Seulement, pour avoir restauré cette œuvre, Nkodo y a inséré son propre nom. Ce qui laisse croire qu’il en co-auteur. L’autre atout indéniable de ce site est que l’église et ses vitraux se logent dans un campus dont l’accès est réservé uniquement aux étudiants, aux enseignants et est à un nombre limité et contrôlé de visiteurs. On n’observe donc aucune lacune15 sur ce vitrail.

Photo 6 : Vue partielle du vitrail de l’UCAC : l’assassinat d’Abel par Caïn et le sacrifice d’Isaac, 07-04-2016.

Photo 7 : Verrière de protection des vitraux de la façade occidentale de la chapelle de l’UCAC, 07-04-2016.

A-2. L’église Notre-Dame des Sept Douleurs d’Akono

A Akono, les vitraux sont le fruit du travail de deux spiritains : les Pères Dubourget et Chevalier. Abouna16précise que les vitraux de l’abside sont du P. Dubourget et ceux des murs latéraux du P. Chevalier. Ce sont les fenêtres de l’église qui portent ces peintures en verre. Chevalier en a posé 18 dans cette église.

A.2.a- L’iconographie

Un tableau de 175 x 60 cm décore chaque triplet. A l’origine, des persiennes meublaient toutes ces baies. On observe deux types de panneaux vitrés. Ils se distinguent par leurs textures. La division est horizontale et non uniforme sur toutes les toiles. Cette barre en ciment sectionne le tableau soit en plein milieu, soit au tiers supérieur ou inférieur. Les panneaux peints en verre restent solidaires des autres grâce au mortier. Il s’agit d’une barlotière en ciment sectionnant transversalement le panneau en deux, partant d’une lancette à l’autre. Que représentent alors ces œuvres translucides ? Nous avons repéré des représentations zoomorphes, phytomorphes et géomorphes. Les vitraux abondent de sujets anthropomorphes. On découvre un chemin de croix (en verre, photo 8) dans la nef côtoyant un chemin de croix réalisé sur des toiles et à l’huile. Les scènes excessivement abrégées ne présentent guère plus de deux personnes. Jésus y est le personnage le plus fréquent. C’est dans cette même partie de l’église qu’apparaissent un coq et les clés. Ils nous rappellent saint Pierre qui détient les clés du paradis alors qu’il a, à trois reprises, renié le Christ avant le chant du coq (photo 9). Au rang des dames présentes, la vierge Marie et sainte Véronique se démarquent. Le transept méridional marque la fin de ce chemin de croix avec un Jésus qui monte au ciel paré d’un pagne bleu passant par l’épaule. Le cep portant une grappe de raisins (photo 10) symbolise sans doute la jeune religion semée au Cameroun et qui requiert encore une attention particulière.

Photo 8 : Simon deSirène aide Jésus à porter sa croix, Akono, 01-04-2016.

Photo 9 : Vitrail illustrant le coq et les clefs, Akono, 16-12-2015.

Photo 10 : Pied de vigne dans un pot, Akono, 01-04-2016.

A.2.b. La conservation

Le fait que ces peintures soient élevées du sol (2,30m) contribue en partie à leur meilleure conservation. Les verres s’assombrissent, à cause de la poussière issue de la circulation routière, mais aussi du balayage de l’église. A cela s’ajoutent des toiles d’araignées noircies par la fumée des bougies régulièrement utilisées pendant les messes. Ce ternissement s’accentue à l’extérieur avec des nids de guêpes maçonnes. Sur le plan esthétique, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, non soignés, les points de scellage semblent encore en chantier avec des rugosités et les passages des truelles. Le premier vitrail du bas-côté droit présente une lacune sérieuse. Si tels se présentent les vitraux d’Akono, que peuvent nous révéler ceux de Nkolmeyang?

A-3. Nkolmeyang

A Nkolmeyang, les vitraux ne sont pas signés, mais ils sont réputés émaner de Père Chevalier. Un article de Paul Claudel dans la revue Saint Joseph d’Allex des Spiritains le confirme. Une autre preuve irréfutable vient de ce que le Père Massy, venant d’Assamba-assi, où il venait ériger une église et faire poser les vitraux par le Père Jean, atterrit à Nkolmeyang avec le même objectif. Il sollicita encore son précédent verrier. On pourrait facilement affirmer que l’église de Nkolmeyang se démarque par sa sobriété artistique. Il n’y existe que deux modestes sculptures de la vierge et un Christ Pantocrator à l’abside. Cette impression s’estompe rapidement avec la somptuosité des vitraux qui occupent les parties supérieures des murs.

A-3-a. L’iconographie

Si les thèmes majeurs s’identifient aux récits bibliques, la composition chromatique est encore une attraction du fait de sa richesse. Le vitrail de la façade septentrionale relate la pêche miraculeuse au bord du lac de Génésareth17. Le tableau de la façade principale est un document archivistique. Ce vitrail illustre les images et les noms de quelques papes. Il s’agit en réalité de saint Pierre, puis de ses successeurs : Pie XI, Pie XII, JXXIII (Jean 23), PVI (Paul 6), JPI (Jean-Paul 1er) et JPII (Jean-Paul 2). Les deux clés de Saint Pierre, la basilique Saint Pierre de Rome et le pallium soutiennent les six pontifes. Les tons chaud et froid s’entremêlent et se neutralisent aux contours de la représentation centrale. Celle-ci se démarque par une abondante lumière. Le vitrail méridional représente Marie au dessus des onze apôtres. Cette composition renvoie nécessairement à Marie-Reine des Apôtres. Le jaune qui l’entoure la met en évidence par rapport aux autres personnages. D’autres récits bibliques encadrent ce tableau principal. Le n° 905 de juillet 1992 de la revue St Joseph d’Allex présente cette peinture en ces termes : Marie trône au Cénacle, veillant sur la barque de l’Eglise

A-3-b. La conservation

Les vitraux de Nkolmeyang ne présentent pas de soucis de conservation. Aucune effraction n’a été repérée sur ce site. Plusieurs raisons justifient ce bon état. Le fait que ces vitraux soient à plus de 2m de hauteur constitue un gage de longévité pour eux. Par ailleurs, Nkolmeyang étant encore une zone rurale, très peu de personnes fréquentent son église, bien qu’il existe une école primaire catholique en contrebas. Le vitrail septentrional est partiellement couvert d’une vitre de protection. Celle-ci recouvre intégralement la deuxième colonne de la droite à l’intérieur (photo 11). Il en est de même pour la paroi extérieure. Le seul reproche que nous pouvons faire à ce dispositif est qu’il diminue la visibilité et la clarté de ce vitrail. Le vitrail se lisant de l’intérieur, de gauche à droite et de bas en haut18, il importe que la verrière posée soit suffisamment transparente. Les autres vitraux ne sont pas protégés (photo 12).

La verrière répond à plusieurs objectifs : protéger la face externe contre les agressions de l’environnement extérieur, limiter les chocs thermiques responsables de dégradations des peintures, … protéger les vitraux des chocs, etc.19

Photo 11: Intérieur du vitrail septentrional en partie vitré, Nkolmeyang, 03/01/2016.

Photo 12: Vitrail occidental, Nkolmeyang, 03 janvier 2016.

B. Les vitraux non signés ou méconnus

Il s’agit principalement des vitraux décorant les églises des zones enclavées ou d’accès très difficile. Assamba-Asi et Bikoue incarnent cette catégorie. Le nombre parfois faible de vitraux dans une église peut les rendre invisibles. C’est le cas à Bikop où on dénombre quatre vitraux. L’un d’eux se dissimule derrière une vieille toile bleue représentant une église.

B-1. Assamba-Asi

L’église Saint Anges Gardiens d’Assamba-Asi est une paroisse de la mission catholique romaine située à environ 20 km d’Esse, dans la Mefou-et-Afamba. Le poste central de Bikoué sépare les paroisses d’Esse et d’Assamba-asi.

B-1-a. Iconographie

Ces vitraux ne sont ni signés ni célèbres. Ils se démarquent cependant par leur style quasi unique : tantôt les motifs se dégagent des verres (photo 13), tantôt ils se montrent par le truchement du béton qui devait servir de liens ou de support (photos14 et 15). La composition principale, celle qui surplombe le portail occidental, montre un tableau parfaitement équilibré sur le plan chromatique et sur l’occupation de l’espace. Le personnage principal, Jésus Christ, bras ouverts, est supporté par deux anges aux ailes complètement déployées. Quatre astres, le soleil, la lune et les étoiles, encadrent la scène où trône le Christ Roi de l’univers.

B-1-b. Conservation

L’église d’Assamba-assi est retirée de la route principale. Seul le presbytère côtoie cet édifice religieux. L’école catholique de la même localité se trouve à environ six cents mètres de ce monument sacré. En dehors des grandes fêtes religieuses et civiles, Noël, Saint Sylvestre, Pâques, Assomption, … qui peuvent attirer quelques 200 fidèles au plus, ce bâtiment accueille moins de 100 croyants chaque dimanche. Les vitraux devraient donc mieux se porter ici dans la mesure où l’édifice est peu fréquenté. Ce n’est malheureusement pas le cas. Leur état de conservation reste déplorable. Étant dans une zone rurale peu peuplée, ces vitraux ne devraient en principe pas compter de lacunes. Ils ne se distinguent pas de ceux de Nkoabang qui brillent par leur mauvais état de conservation dû aux activités sportives et ludiques qui se déroulent autour de l’église.

Photo 13 : Vitrail occidental, Assamba-Asi, 07février 2015.

 Photos14 et 15 : Vitraux dont les motifs principaux sont en mortier, Assamba-Asi, 07février 2015.

B-2. Bikoué

Bikoué, petite chapelle logée entre Esse et Assamba-Assi, compte 5 vitraux sur sa façade occidentale et deux au chevet.

B-2-a. Iconographie

Les sept compositions illustrent toutes des sujets religieux. Sur la façade principale, les deux panneaux des extrémités exhibent chacun trois poissons pris dans un filet matérialisé par le décor de l’arrière-plan (photo 16). Le second vitrail à partir de la gauche héberge en son milieu un calice surmonté d’une hostie circulaire et blanche (photo 17). Juste au dessus du portail, une toile au ton très chaud présente un chrisme partiellement dissimulé derrière un poisson, le poisson étant l’un des symboles du Christ. Le panneau suivant laisse danser en son cœur un feu aux flammes rouges et jaunes. Sur une autre œuvre du chœur, une barque à voile flotte sur les eaux. Une colombe orange descendant du ciel macule la voile de l’embarcation (photo 18). Ces deux éléments sont omniprésents dans les travaux du Père Chevalier et symbolisent le Saint-Esprit patron de la congrégation du Saint-Esprit à laquelle l’artiste appartenait.

B-2-b. Conservation

Bien qu’en plein carrefour, les vitraux de la chapelle du poste central de Bikoue n’enregistrent jusqu’à ce jour aucune cassure. L’unique agent pathogène qui traumatise ces vitraux est la poussière qui se dépose en couches importantes sur leurs parois. Avec ces nuages de poussière, les teintes des verres tendent à disparaître sous de fins débris de roches. Cette poussière est si permanente que les araignées et leurs toiles repérées dans d’autres vitraux sont pratiquement inexistantes ici. Soulignons que la route qui va d’Esse pour Assamba-Asi en passant par Bikoué n’est pas bitumée, mais connaît un trafic assez dense pour feutrer ces précieux vitraux.

B-3. Bikop

Photo 16: Pêche miraculeuse, Bikoue, 07février 2015.

Photo 17: Calice et hostie, Bikoue, 07février 2015.

Photo 18: Barque, Bikoue, 07/02/2015.

Encastrée presqu’à mi-chemin entre Mbalmayo et Akono, Bikop aligne quatre vitraux. On ignore tout de ces tessons posés longtemps après la fin des travaux de construction.Quatre fenêtres portent ces toiles vitrées en leurs baies centrales. Les motifs se logent dans des cavités de 108 x 48 cm faites principalement de ciment et de fractions de verres.

C-3-a. L’iconographie

Les illustrations des peintures vitrées de Bikop paraissent sobres. Cette simplicité se résume en d’élégantes compositions anthropomorphes, phytomorphes et géométriques. Le premier tableau montre des cercles inscrits les uns dans les autres. Il s’agit de deux plages entières ayant chacune un cercle vert inscrit dans un autre rose et ce dernier lui-même inséré dans un disque vert. Ils occupent 80% du tableau. Une troisième série de sphères de mêmes couleurs et formes, partiellement représentées, investit les 20% restant à la base du vitrail. Quatre cercles de couleur blanche faufilent de bas en haut et de gauche à droite dans chaque motif. Ces bandes circulaires blanches passent toutes par les centres des motifs principaux. Des touches jaunes décorent les espaces vides inter-sphériques (Photo 19). Un tel agencement indique la force de l’unité et la solidarité, car le déplacement d’un seul élément de cette combinaison entraîne l’ébranlement du reste de la chaîne.

Photo 19: Entrelacs, Bikop, 30-11-2015.

Photo 20: Mère à l’Enfant, Bikop, 30-11-2015.

Photo 21: Descente du Saint-Esprit, Bikop, 30-11-2015.

Photo 22: Moisson, Bikop, 30-11-2015.

La deuxième planche symbolise la Vierge à l’Enfant (photo 20). Le blanc incarne les parties du corps humain. Des auréoles jaunes entourent leurs têtes pendant que des fleurs agrémentent le reste du tableau. Le motif majeur du troisième vitrail se confond avec une fleur, du fait des pétales jaunes qui entourent le centre du disque. Il pourrait s’apparenter à une colombe plongeant du ciel vers la terre. On y perçoit d’avantage un ostensoir scintillant d’or. La lunule, au centre du disque solaire, est incolore, donc transparente (photo 21). Dans la dernière représentation (photo 22), apparaissent nettement deux épis de blé et une grappe de raisins. Ce vitrail peut donc s’intituler La moisson, dans la mesure où il n’illustre que les produits agricoles. L’absence de représentation anthropomorphe signifie sans doute que la moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux.

C-3-b. La conservation

On observe un morceau de bois sur la première planche à partir du transept droit. Cette pièce assure la stabilité de ce vitrail. Les œuvres occupent majoritairement les travées. La deuxième toile se fixe entre la deuxième station et le tabernacle. Ces quatre vitraux restent bien conservés en dépit d’anomalies repérées ça et là. Un morceau de verre bleu (photo 19) est brisé sans doute du fait d’un projectile. Ce dommage apparaît précisément à la base du deuxième motif. Les techniciens auraient oublié de sceller ce vitrail avec du ciment. En guise de rattrapage, un morceau de bois y a été encastré. De nos jours, cet appareil a perdu sa consistance. Toujours dans le scellage de ces vitraux, on observe de l’extérieur des ouvertures translucides. Le remplage de la Vierge à l’Enfant présente des espaces vides. Preuves que le béton et ensuite le mortier n’ont pas été sérieusement appliqués. La poussière qui s’y dépose ternit leur clarté et modifie leurs teintes. Le visage de la mère semble ainsi balafré pendant que d’autres éléments noircissent à cause de ces débris de roches. Des nids de guêpes obturent particulièrement les lancettes et les recoins de toutes ces œuvres. Les compositions morphologique et chromatique se trouvent ainsi torpillées. A ce phénomène, se joignent de très vieilles toiles d’araignées. Ces dernières pendent sur les vitraux et leur imposent un aspect désagréable. La moisson est complètement perdue derrière une immense toile. Cette couverture favorise l’installation de nombreux éléments nuisibles tels que les guêpes, les fourmis et les araignées. Après avoir parcouru les vitraux du P. Jean à Yaoundé, allons à présent voir ce qui distingue ses œuvres de celles des autres verriers.

3. Distinctions entre les vitraux de J. Chevalier et ceux des autres.

Cette articulation nous permet de différencier sans difficulté les vitraux de Jean Chevalier à Yaoundé et ses environs. La différenciation se fera à travers les éléments de composition de ses toiles et les matériaux utilisés.

A.Les motifs

Les œuvres de Chevalier se démarquent parmi des d’autres peintres verriers. Le rapprochement entre les travaux de Chevalier, Dubourget et Henri Guérin présente une nette antinomie stylistique.

A-1.Le Père Hector Dubourget,

Le style du Père Dubourget est perceptible sur ses œuvres à Akono et à Emana, entre autres. L’œuvre du Père Dubourget se distingue par la fréquence des motifs décoratifs géométriques et phytomorphes. Ses couleurs de prédilection sont des couleurs chaudes. Il s’agit particulièrement du rouge et jaune omniprésents. On observe de rares représentations anthropomorphes.

A-1-a. Emana

Emana est une paroisse du diocèse d’Obala. Elle est située sur la Nationale N°1 à environ 55km de Yaoundé avec pour coordonnées géographiques 4°15’ de latitude Nord et 11°25’ de longitude Est. Les tableaux de verres qui recouvrent ses baies caractérisent à suffisance le style de Dubourget. La sélection ci-dessous (photos 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31 et 32) est assez significative.

Photos 23, 24 et 25: Motifs géométriques, fenêtres hautes, Emana, 17-04-2016.

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Photos 26, 27 et 28: Représentations phytomorphes, fenêtres hautes, Emana, 17-04-2016.

Photos 29, 30 et 31: Méandres, Bas-côté, Emana, 17-04-2016.

Photo 32 : Vierge Marie, façade, Emana, 17-04-2016.

A-1-b. Akono

Akono confirme encore la différence stylistique qui règne entre les Pères Dubourget et Chevalier. Les vitraux du déambulatoire de l’église d’Akono, réalisés par Dubourget, incarnent les formes géométriques. Il s’agit essentiellement des cercles à rayons ou des demi-oranges (photos 33, 34et 35). Comme à Emana, la composition s’étale en sinueuses lignes, aussi bien en courbes qu’en contre-courbes. Ces traits répartissent tous les motifs sur la totalité de la surface peinte.

Photos 33, 34 et 35: Compositions géométriques, déambulatoire, Akono, 01-04-2016

A-2. Henri Guérin

A-2-a.Basilique Marie Reine des Apôtres de Mvolye

Les peintures d’Henri Guérin décorent la Basilique Marie Reine des Apôtres de Mvolye (1998), ainsi que la chapelle des Frères Pallotins (1998) à Yaoundé. La cathédrale de La-Sainte-Famille à Bertoua arbore aussi les vitraux (1996) de cet artiste. L’œuvre d’Henri Guérin se détache clairement de celle du P. Chevalier. Guérin fractionne et dispose ses verres tels des feuilles de végétaux. Amplifiées, ses feuilles ovées donnent l’impression d’un feuillage coloré où les couleurs ressemblent plus aux ombres dans un ciel lumineux. Guérin recourt à la ligne essentielle pour la représentation de ses formes. L’absence de mosaïques et de motifs géométriques favorise le foisonnement des représentations anthropomorphes et surtout phytomorphes (photos 36et 37).

Photo 36 : Couronnement de la Vierge, Mvolye, 28-07-2016.

Photo 37 : Les noces de Cana, Mvolye, 28-07-2016.

B-A travers les matériaux et la technique

L’aspect matériel distingue principalement les vitraux de Chevalier de ceux qui ont été importés. Les baies des églises paroissiales de Mokolo, Omvan et Mvog-Ada anglophone. Ces vitraux venus d’Europe sont montés selon la pure tradition de l’art du vitrail. Ce sont des vitraux mis à plomb. Le béton ne constitue donc pas leurs armatures comme chez Dubourget, Guérin et Chevalier.

B-1. Mokolo

Dans la paroisse Sacré-Cœur de Mokolo à Yaoundé, le chemin de croix a pour support les vitraux. Les quatorze vitraux qui constituent ce parcours viennent d’Espagne. Ce jeu de vitraux se distingue radicalement de la marque de Chevalier. La lumière et les grisailles sont plus présentes (photos 38, 39 et 40) que les verres monochromes.

Photo 38 : Crucifixion de Jésus, Mokolo, 01-04-2015. Photo 39: Enterrement de Jésus, Mokolo, 01-04-2015. Photo 40 : troisième chute de Jésus, Mokolo, 01-04-2015.

B-2. Omvan

La paroisse Sacré-Cœur d’Omvan se trouve à environ 30 km de Yaoundé. Deux vitraux s’y affichent fièrement dans l’abside. Ils sont dédiés à Saint Pierre et à Saint Paul. Si le tableau de Saint Pierre (photo 41) représente la remise à Pierre, par Jésus, des clefs du royaume des Cieux, celui de Paul (photo 42) illustre « la conversion de Saul » sur la route de Jérusalem à Damas. On distingue clairement les vergettes des barlotières. Ces barres de fer, épaisses et horizontales fixées aux murs, divisent les tableaux en plusieurs parties tout en renforçant leur solidité.

Photo 41 : La remise des clefs du Paradis à Pierre, Omvan, 03/01/2016

Photo 42 : La conversion de Saul, Omvan, 03/01/2016

En comparant les vitraux d’Omvan et de Mokolo à ceux d’Akono, Bikop et d’Assamba-assi, on constate que le peintre-verrier Chevalier n’est pas resté figé à toutes les techniques traditionnelles de réalisation du vitrail. Les anciens procédés d’exécution des vitraux consistaient à monter des verres colorés à l’aide des rainures de plomb. Ces rainures de plomb se croisent et se soudent à l’étain. Les verres sont soit colorés à l’avance ou sont peints et chauffés à plus de 800°C. On parle alors de grisailles. Des barres de fers renforcent l’ensemble et surtout la mise à plomb, en lui donnant une bonne stabilité. Il s’agit des barlotières et des vergettes. La méthode actuelle consiste à sceller les verres dans le béton selon les motifs définis par l’artiste. C’est la voie utilisée par Chevalier pour réaliser ses vitraux. Ici, les morceaux de verres sont monochromes. Le peintre les assemble en fonction des teintes voulues et de leurs dégradés. La comparaison des photos ci-dessous établit les différences entre un vitrail de Mokolo (photo43) et un échantillon de vitraux d’Assamba-Assi (photo 44) réalisé par Chevalier.

Considérant les vitraux de Jean Chevalier et ceux venus de l’extérieur du Cameroun, on constate que les vergettes de Chevalier sont en ciment. Les filets et les bordures restent très peu fréquents (Akono, Bikop, Assamba-Asi etc.). En revanche, les vitraux d’Omvan, de Mokolo et de la paroisse anglophone de Mvog-Ada comportent des barlotières et des vergettes en fer, des filets, des bordures et des scellements.

Conclusion

Parvenu au terme de cet exercice, nous rappelons que le sujet portait sur les vitraux du Père Jean Chevalier à Yaoundé et ses environs. Il y était question de découvrir les vitraux du peintre spiritain Jean Chevalier. Ces vitraux trônent dans les parois des églises catholiques de Yaoundé et de ses environs. Non signées et peu connues, ces œuvres sont noyées dans un grand nombre de vitraux et se confondent facilement avec celles d’autres peintres verriers. Nous les avons identifiées grâce à une analyse prenant en compte la forme, le style et les matériaux utilisés. L’analyse morpho-stylistique nous a permis d’isoler les œuvres du P. Chevalier parmi celles d’autres verriers, comme le P. Dubourget et Henri Guérin. Sur le plan matériel, seuls les vitraux importés (Mokolo, Mvog-Ada anglophone et Omvan) se démarquent de ceux de Chevalier. Dans les paroisses, la paternité du spiritain sur ses toiles est essentiellement établie par des sources orales. Ces dernières, pour la plupart, désignent un Blanc comme auteur. Malheureusement, seule la réalisation de Nkolbisson porte une griffe ; ce qui nous déconcerte, quand on sait que le Père Chevalier était le principal verrier du Cameroun et même d’Afrique Centrale. Affecter un auteur ou non à ces vitraux qui tirent leur essence dans la foi chrétienne leur ferait moins de peine que la mauvaise conservation qui les caractérise presque tous.

Bibliographie

Henry J. Koren, 1982, Les Spiritains: trois siècles d’histoire religieuse et missionnaire histoire de la congrégation du saint esprit, Paris, Beauchesne,

Adrien Rémy, 2016, Les spiritains au Cameroun ? Des bâtisseurs !…, Yaoundé, Presses de l’UCAC, 127 p.

ABOUNA, ABOUNA, Vendelin, 2006/2007, Etude du chemin de croix dans l’art religieux camerounais du XXè siècle : le cas de la peinture et de la sculpture dans la province du centre, Mémoire de DEA en Histoire de l’Art, Université de Yaoundé I.

Annuaire des Missions Catholiques d’Afrique francophone…. 1968-1969, Paris, ONPC, 1398 p.

Revue St. Joseph d’Allex n° 905 de juillet 1992

https://fr.wikiipedia.org/wiki/Jean_Chevalier………………………consulté le 05 04 2016 à 20h 54.

http://www.france-catholique.fr/Hommage-a-Henri-Guerin…..consulté le 13 08/2016 à 11h30.

http://www.sculpt.fr/SUITE/ABBYA/SUITE/vitraux/rapide…….consulté le 12/08/2016 à 13h.

http://spiritains.forums.free.fr/defunts/chevalierj.htm……… consulté le 29 mars 2016 à 19h38.

www.culture./gouv.fr/culture/organisation …………………..consulté le 18 février 2016 à 20h 48.

SOURCES ORALES

Noms et prénoms

Sexe

Age

Profession

Date

Lieu

P. Adrien Rémy

M

94 ans

Spiritain

16-06-2016

Yaoundé

Michel Abbe

M

50 ans

Natif de Minta

25/06/2016

Yaoundé

Pierre Mengondo

M

61 ans

Secrétaire paroissial

30/07/2016

Minta

Jean Yves Nkodo

M

37 ans

Peintre-verrier

17/08/2016

Yaoundé

1. Henry J. Koren, Les Spiritains: trois siècles d’histoire religieuse et missionnaire histoire de la congrégation du saint esprit, Paris, Beauchesne, 1982, p.124.

3. http://spiritains.forums.free.fr/defunts/chevalierj.htm, consulté le 29 mars 2016 à 19h38.

4. Adrien Rémy, Les spiritains au Cameroun ? Des bâtisseurs !…, Yaoundé, Presses de l’UCAC, 2016, p. 78.

5. Adrien Rémy, Ibid.

6. P. Adrien Rémy, 94 ans, spiritain en retraite à la Casba à Yaoundé, entretien du 16 juin 2016 à Yaoundé.

7. http://spiritains.forums.free.fr/defunts/chevalierj.htm, consulté le 29 mars 2016 à 19h38.

8. Annuaire des Missions Catholiques Afrique francophone 1968-1969, Paris, ONPC, p. 467.

9. Pierre Mengondo, secrétaire paroissial de Minta, entretien du 30 juillet 2016 à Minta.

10. Titre en ewondo signifiant Marie Mère de Minta.

11. Cet extrait nous a été envoyé de Chevilly par le P. Jean Savoie spiritain en poste à Yagoua de 1975 à 1985 avec des interruptions.

12. Sa fresque de la procure de Douala a été détruite, mais reconstituée. Il n’existe donc plus d’original.

13. Cathédrale Notre-Dame des Victoires de Yaoundé.

14. Derniers vitraux posés par Chevalier à Yaoundé.

15. Une lacune est un verre cassé.

16. Abouna Abouna, Etude du chemin de croix dans l’art religieux camerounais du XXe siècle : cas de la peinture et la sculpture dans la province du Centre, mémoire de DEA en Histoire de l’Art, UY1 2006-2007, p. 57.

17. Luc 5 3-11.

18. Sitecoles.formiris. org/userfiles, consulté le 19 février à 20h 07.

19. www.culture./gouv.fr/culture/organisation consulté le 18 février à 20h 48.