Apport des TIC pour l’apprentissage des langues étrangères

Dr. SOLTANI Souhila
Ecole Normale Supérieure d’Oran
Laboratoire LOAPL Université d’Oran 2, Algérie

Dr. FALLER Christine
Université de Côte d’Azur
INSPE, site de La Seyne-sur-Mer
Laboratoire Innovation et Numérique pour l’Éducation (LINE).

Abstract : The impact of culture is decisive for the learning of a foreign language, each learner is confronted with a social experience that guides him or her in his or her learning process. This has a structuring effect on the choices that a learner may have when learning in class or when learning in that language. This being said, the class has the role of acting on this information and conditioning it according to the needs and the appropriate profile at each level. In the ICT-based communication practice training scheme we tested (as part of an international cooperation project between the ENS of Oran and the INSPE of Nice) the importance of the development of intercultural competence is paramount, knowing that it may be at the origin of failure or success of learning the French language.

Keywords: ICT, learning, foreign languages, device, curriQvideo, training.

Introduction 

L’impact de la culture est décisif pour l’apprentissage d’une langue étrangère, chaque apprenant est confronté à un vécu social qui l’oriente dans sa démarche d’apprentissage.Il s’agit, entre autres, de représentations mentales, qui font que l’apprenant réagit positivement ou négativement quant à l’emploi de la langue. C’est-à-dire que les attitudes qu’il adopte en classe, entre daigner ou dédaigner l’apprentissage sont le résultat des clichés qui constituent la culture qu’il possède de cette langue.Effectivement, selon les études antérieures, que nous avons menées (Soltani, 2014)1, nous avons fait le constat que celle-ci a un effet structurant sur les choix que peut avoir un apprenant lors de son apprentissage en classe ou lors d’un apprentissage par cette langue.

Ceci dit, la classe a le rôle d’agir sur ces informations et de les conditionner selon les besoins et le profil adéquat à chaque niveau. Dans le dispositif de formation aux pratiques communicationnelles que nous avons testé (dans le cadre d’un projet de coopération internationale entre l’ENS d’Oran et l’INSPE de Nice2) l’importance du développement de la compétence interculturelle est primordiale, sachant qu’il peut être à l’origine de l’échec ou de la réussite de l’apprentissage de la langue française.

Dans cette perspective et devant la volonté des étudiants néo-enseignants PEP(Professeur d’enseignement primaire) de l’ENSO de dépasser leurs difficultés langagières à l’oral, par la multiplication des pratiques communicationnelles, nous avons pensé à une mise en contact entre des non natifs algériens (PEP) et des natifs français (professeurs fonctionnaires stagiaires étudiants, PFSE) (CECRL,2000).

Ceci dit, il nous revient dans cette étude de vérifier si l’implication ou la non-implication de moyen de communication, tel que Messenger, e-mail …, est aussi en rapport avec le degré de réussite de la démarche entreprise.

Une analyse qualitative s’impose pour situer le degré d’influence des TIC sur l’apprentissage des langues étrangères. Ceci nous permettra de reprendre les représentations des étudiants, afin de suivre leur évolution et valider ou invalider l’hypothèse de l’amélioration des pratiques communicationnelles par les TIC.

  1. Méthodologie de la collecte des données 

Ce travail en télécollaborationa été mené durant une année, c’est la première des trois années de programmation de l’expérimentation. Il est encadré par une convention cadre signée par les deux universités soutenant ces deux écoles de formation universitaire (l’INSPE de Nice et l’ENS d’Oran).

Dans chacune des écoles dont les étudiants sont de niveau Master, les sujets d’observation sont des néo professeurs en voie de titularisation. Ils suivent une forme d’alternance entre leur formation universitaire et la classe, c’est à dire le lieu de leur futur emploi.

En Algérie, ce sont des étudiants inscrits à l’école normale supérieure, en vue de suivre une formation de professeur pour l’enseignement de la langue française au primaire. Le parcours se déroule sur 3années et débouche sur un recrutement au niveau des écoles primaires.

En France, il s’agit de professeurs fonctionnaires stagiaires étudiants (PFSE), sur une alternance de 3 semaines en responsabilité dans une classe du primaire et 3 semaines en formation à l’INSPE dans le cadre de leur 2ème année de formation de Master. Les enseignants sont d’abord formés avec leurs enseignants universitaires sur des compétences assez larges mais dont les compétences langagières restent au cœur ; tant en France qu’en Algérie.

Le ministère de l’éducation nationale français, futur employeur des étudiants concernés, insiste sur l’importance des efforts à porter sur l’enseignement primaire dont les objectifs prioritaires sont la maîtrise des savoirs fondamentaux parmi lesquels : lire, écrire, compter et respecter autrui. Sur ces quatre items, 3 d’entre eux trouvent leur place dans les axes travaillés lors de notre télécollaboration : lire, écrire et respecter autrui.

Le projet se déroule en plusieurs étapes : Tout d’abord une mise en relation des néo professeurs par binôme ou trinôme en contact virtuel par des échanges de courriels ouparla messagerie du réseau social Facebook : Messenger. Les étudiants font connaissance, échangent sur leurs parcours et les objectifs à atteindre pour leur propre formation universitaire. Il s’agit en effet pour les deux groupes installés dans une école de part et d’autre de la Méditerranée, de valider des unités d’enseignement et de se former au métier d’enseignant.

Ils sont ensuite invités à co construire un projet pédagogique à destination de leurs élèves ; pour les enseignants français, il s’agit de la classe qu’ils ont en responsabilité durant toute une année scolaire et qu’ils retrouvent après 3 semaines de cours à l’INSPE, site de La Seyne-sur-Mer. La co construction porte sur un projet d’échange épistolaire entre les deux groupes d’élèves mais sous une forme davantage numérique que papier. L’avantage de ce choix touche à une meilleure gestion du temps des échanges (un clic et le courriel est envoyé, reçu quelques secondes plus tard par la classede correspondants). Des échanges plus individuels sont possibles.

Les étudiants-stagiaires de l’ENS d’Oran se sont investis doublement d’abord en établissant des échanges avec leurs collaborateurs de l’INSPE, ensuite en impliquant leurs élèves des écoles, tel que ceci fut réalisé par ceux des néo-enseignants français.

En France, les professeurs stagiaires travaillent les compétences langagières de leurs élèves en interdisciplinarité et ils adossent ce travail sur les compétences langagières à une interdisciplinarité incluant plusieurs enseignements notamment civiques et les usages raisonnés et éducatifs du numérique. En effet, les élèves vont débattre, réfléchir sur ce qu’ils souhaitent partager avec leurs correspondants, ensuite, ils présentent leurs lieux de vie en termes d’habitants de leur ville, département, région … avec un espace d’interface qu’ils partagent avec les élèves des écoles primaires de l’Oranais : la Méditerranée. Les TIC peuvent être travaillés à travers les systèmes d’information géographique (SIG) notamment par la création de cartes narratives.

C’est d’ailleurs sur ces échanges d’abord encadrés puis libres entre les néo professeurs que nous avons formulé des hypothèses de recherche et des problématiques qui nous ont semblé pertinentes :

Les échanges natifs/non natifs permettent d’atténuer le degré d’étrangéité et d’adopter des représentations favorables à l’apprentissage de la langue française.

– Les usages des TICau service de la communication favorisent l’émergence de formes originales de projets pédagogiques techno créatifs partagés, notamment entre des classes installées dans des pays différents.

  1. TIC et pédagogie du projet 

Ce modèle de pratique de l’enseignement est en accord avec les principes de l’approche actionnelle et de la pédagogie du projet, qui veillent à l’implication de l’apprenant dans son apprentissage, de faire appel à son esprit critique et de découverte.Cinq fonctions à la pédagogie du projet nous interpellent, dont ces deux qui suivent et qui nous semble pertinentes par rapport à notre objet d’étude(Marc Bru et Louis Not : 1987):

  • la fonction didactique, qui conduit à la mobilisation des savoirs et savoir-faire acquis et le développement des compétences et des connaissances nouvelles.Le projet amène donc les formés à gérer leur environnement.

  • La fonction sociale et médiationnelle, qui inclut des partenaires et qui amène les apprenants à s’ouvrir aux autres, à d’autres institutions. Elle amène également le groupe à partager les compétences et à confronter les avis, les opinions…

Dans cette étude il s’agit d’élaborer des projets sur des thématiques ciblées (qui correspondent aux objectifs des enseignements PEP Algériens et français) ; ilsoffrent la possibilité de s’ouvrir sur l’autre, en se présentant et en découvrant l’altérité.

La mise en collaboration s’est construite à distance, grâce à l’établissement d’une correspondance qui s’est concrétisée à travers la technologie de l’information et de la communication (visioconférence, mail, Messenger).

Les échanges entre les deux groupes ont permis de faire une collecte de projets pédagogiques et nous avons décidé d’en assurer la visibilité à partir d’un dispositif expérimental mis en placeà l’INSPE de Nice (site de La Seyne-sur-Mer) par les enseignants encadrant les correspondants français.Il s’agit de capsulesvidéo d’environ 5 minutes, nommées curriQ vidéos (Faller, 2017). L’étudiant professeur y narre sa démarche curriculaire. Il montre ses élèves en situation d’apprentissage de connaissances et de savoir-faire ainsi d’expérimentation des valeurs. Le néo professeur expérimente lui-même des démarches parfois innovantes, sortant ainsi parfois du cadre produit par l’institution tout en travaillant les compétences identifiées dans le référentiel de compétences de l’enseignant. Ces professeurs stagiaires accompagnés de leurs élèves s’engagent sur la voie de la créativité et de la techno créativité grâce aux outils du numérique mis à leur disposition dans les écoles ou avec leur matériel personnel (BYOD). Ces compétences numériques sont évaluées à travers cette production universitaire, validant deux unités d’enseignement de leur Master enseignement, éducation et formation (EEF) à savoir les TIC et le module d’histoire, géographie et enseignement moral et civique (EMC).

Sur le plan méthodologique, les étudiants professeurs sont placés en situation de recherche et de réflexion sur leurs pratiques et celles de leurs collègues. Tout au long de l’année, les étudiants néo professeurs posent des questions, échangent, confrontent, co construisent et préparent leur projet y compris avec leurs correspondants étrangers. Ils prennent conscience de l’importance de se former aux nouvelles technologies et lors des cours de TIC, ils découvrent des applications et logiciels qui peuvent être utilisés en classe avec et par les élèves ; ils en apprécient également les limites. C’est à ce titre que le curriQvidéo est propice au recueil de données puisque l’on cherche les traces des apprentissages des élèves et l’on perçoit le travail de l’enseignant, ses choix didactiques et pédagogiques.

Actuellement, en termes de renouvèlement de la formation universitaire et de développement des compétences, il est question de suivre la logique de la pédagogie du projet. La formation des enseignants prenant en compte les compétences du 21ème siècle et plus particulièrement l’innovation (Fievez, et Karsenti, 2018) ;(Romero, 2017).Si notre intérêt porte particulier sur la question de l’innovation en matière de formation, c’est qu’elle comprend aussi un engagement de l’apprentissage en quête de créativité, de la pensée critique, de la communication et de la coopération à promouvoir auprès de leurs élèves. La pensée critique est d’ailleurs favorisée dans les coopérations qui s’inscrivent dans un objectif de production de supports. Le numérique le favorise en même temps qu’il permet un regard critique des concepteurs sur l’outil qu’ils utilisent (Saemmer, 2011).

Le projet de montage curriQvidéo vise ces compétences du 21ème siècle et intègre dans sa conception cette nouvelle méthodologie d’apprentissage. Il est aussi question dans la réalisation du projet de convoiterl’hybridation entre technologie, comme outil d’amélioration des formations, et pédagogie pour l’élaboration de séquences audiovisuelle, dans lesquelles l’apprenant sera amené à apprendre à manipuler matériel didactique afin de réaliser compétences langagières, transversales et professionnelles. Bien plus,il a la possibilité de réaliser la compétence interculturelle, lorsqu’il s’agit de reprendre des expériences d’échanges entredeux groupes d’apprenants qui ont les mêmes objectifs et le même profil de sortie de formation. Ils finissent par faire la découverte de l’autre à travers la correspondance par lettres, par mail et par Messenger. Des sous-groupes sont formés et les échanges sur des sujets en rapport avec le métier de l’enseignant en Algérie et en France, sur le déroulement de la formation, sur les problèmes et les difficultés rencontrés, sur leurs élèves dans les classes (les étudiants sont en stage dans les écoles) et sur leur quotidien leur permettant de se former àune culture commune.

Corollairement, par ces actions d’échanges, un travail sur les représentations stéréotypées est assuré. Les sujets découvrent sans intermédiaires l’environnement spatiotemporel de l’autre, qui lui permettra de trouver des réponses à des interrogations, corrigent des idées et des images sur l’étranger. Ceci est d’autant plus important lorsqu’il s’agit d’enseignant de langue dont la connaissance de la culture de cette dernière est entachée de représentations qui risquent d’affecter son rendement.

Encore plus lorsqu’il s’agit d’enseignant de primaire, premier acteur de transmission d’images et de connaissances à des apprenants novices. Leurexpérience d’enseignant stagiaire en classe de primaire représente un atout considérable pour la gestion des clichés culturels des jeunes élèves. Pour un apprenant à un stade précoce, la culture et les images qui sont intériorisées réagissent tel un élément déclencheur et motivationnel pour la découverte d’une langue, ensuite pour son intégration dans son répertoire linguistique.

Il s’agit de représentations que ces dites langues véhiculent, le cas de l‘étrangéité (Zarate, 1999) qui réagit sur l’approbation ou le rejet d’un apprentissage de ces langues ou par ces langues. Corollairement, cette étude nous permettra de vérifier l’hypothèse de l’introduction de visions positives sur un objet d’étude à un âge novice.

Extrait n°1 : Echanges entre l’enseignante-chercheure et l’étudiante (Pep : professeur d’enseignement primaire, ENSO)

enseignante : tu as fait ton curriQvideo

pep : J’ai essayé de filmer les élèves, j’ai même fait une séance

enseignante :formidable

pep : De présenter un adroit

Enseignante : tu t’es vraiment investie bravo

Pep : Mais Les vidéos Ne sont pasBien organisés

Enseignante : pas grave

Pep : Non madame

Enseignant : l’essentiel les vidéo vu que le stage s’arrête demain, après on suivra les étapes ensemble pour organiser

Pep : Je veux prouver à Jimmy que mes élèves sont mieux que ses élèves, Vraiment ils le sont madame

Enseignante :les enfants se valent tous et les tiens sont aussi dynamiques que les siens

Pep : J’ai parlé à leurs parents

Enseignant :contente pour toi, tu es motivée

pep : Oui mais j’ai besoin d’un peu d’aide

enseignante : pas de problème le dimanche inchallah

Pep : j’ai déjà pris des photo en classe lorsqu’on se préparait avant de filmer les séquences pour le projet curricvideo

pep : je mentrerai à jimmy que nos enfants sont meilleurs c’est comme une compétition entre nous

pep : j’ai proposé de parler de l’église santa crus d’Oran

Enseignante : je ne peux te dire que de continuer c’est l’amour du métier qui t’a transformé

pep : et la mosquée de ibn badis et je cherche aussi un château dont j’ai oublié le nom. j’ai aimé l’idée de présenter ce qu’on a et aussi notre histoire mais c’est seulement une idée

pep : (en arabe) والله رغم النقائص الي عندي وعدم اتقاني اللغة زرعت فيهم حب منافسة اولاد جيمي

(traduction en français) je vous jure malgré les difficultés que j’ai et mes problèmes de langue j’ai réussi à leur transmettre l’esprit de compétition avec les enfants de Jimmy

Cet échange sur Messenger entre ces deux interlocuteurs permet de valider l’hypothèse que les TIC peuvent être à l’origine de l’amélioration des visions sur le monde, d’un rapprochement de la culture et du vécu réel du natif de la langue étrangère à apprendre. La correspondance via les TIC est d’autant plus importante lorsqu’elle permet de faire un travail sur l’installation de représentations favorables et concrètes de l’objet à apprendre, dans notre cas, il s’agit de la culture qui accompagne la langue étrangère.

Néanmoint, un retour vers les fonctions du projet permet de reprendre son apport thérapoeutique : lorsque l’apprenant commence à développer un intérêt pour les tâches qui lui sont octroyées, en s’engageant dans les activités, bien plus lorsqu’elles sontréalisées en dehors des heures de l’école, ceci signifie que le projet réagit sur la personnalité de l’apprenant qui développe ainsi un apprentissage selon les valeurs individuelles et collectives avancé dans le référentiel des programmes de l’éducation nationale algérienne, tel que nous le percevons dans le témoignage de l’étudiante PEP :

pep : Ce sont les élèves qui veulent ça plus que moi

Enseignant : tu as vu leur réaction, donc positive ou négative

Pep : De qui?

L’enseignante : les élèves

pep : + Ils sont géniales

enseignant :maalich le directeur demain le dernier jour

pep : ils le montrent

L’engouement des apprenants quant à la manipulation d’objet audiovisuel, d’apparaitre sur des séquences vidéo et d’échanger des lettres de correspondances fait qu’il y a une nécessité de s’approprier la langue étrangère pour communiquer avec l’autre et découvrir ce qui lui paraissait jusqu’à présent comme étranger. La motivation passe par des expériences authentiqueset un engagement social de la part des jeunes élèves et d’un engagement socio-professionnel pour les PEP qui se concrétise par les TIC.

  1. TIC et projet de coopération internationale 

Comme pour de nombreuses disciplines, l’apport des TIC en matière d’enseignement/apprentissage des langues n’est plus à confirmer. Selon la géographe et didacticienne Mérenne-Schoumaker, (2016) le numérique utilisé par l’enseignant puis par les élèves comme outil de prospection, de recherche, de recueil de données et de production de ressources apparaît ici comme un moyen de « ré-enchanter les cours ». Cependant, lorsqu’il s’agit de réaliser des projets en coopération entre deux publics d’institutions différentes, en plus de deux pays différents, certains problèmes resurgissent et finissent par perturber, quitte à affecter le déroulement du projet. Nous pensons tout particulièrement aux contraintes administratives mais aussi à la disponibilité du matériel didactique.

En effet, si l’accord sur un investissement collectif est assuré par les deux collaborateurs, il reste que l’étude s’effectue en contexte professionnel formel qui est celui de la classe. Une institution qui n’admet l’investigation des lieux par la recherche que dans le cadre de l’accord de l’administration représentée par le responsable de l’établissement.

Tel qu’on le constate encore une fois dans le témoignage de l’étudiante-stagiaire PEP :

Pep : Mais le directeur est un peu fâché de nous

L’accomplissement du projet doit tenir compte de contraintes humaines : direction, administration, enseignant-formateur, apprenants, mais aussi parentales.

Pep : madame mes élèves veulent travailler et ils ont parlé de ce projet à leur parents et ces derniers ont pris mon num de tel

Une inquiétude vis-à-vis de la connotation que peut suggérer le terme innovation peut apparaitre comme un élément inquiétant quant au fait de perturber les traditions et les méthodologies de travail en classe.

A ceci s’ajoute le problème de la disponibilité du matériel, car si dans le référentiel des programmes (2008) il est question d’ouverture sur le monde extérieur, sur la technologie et sur l’innovation, le facteur matériel est pour beaucoup pour l’accomplissement des objectifs de lignes maitresses dictées par le système de l’éducation nationale en Algérie.

Du côté français, les professeurs stagiaires ont également fait part de leur engouement et de l’engouement de leurs élèves lors du projet. Ce relevé de données a été réalisé lors d’un focus group en fin d’année universitaire lors de la séance de bilan de l’unité d’enseignement« projet pédagogique » (UE de Master) des néo enseignants engagés à la fois dans le projet de télécollaboration et de production de curriQvidéos.

Extrait n° 2 : Échanges entre l’enseignante de l’INSPE de Nice et des néo professeurs en alternance dans une classe de primaire et étudiants du master EEF lors du focus group (mai 2019) – 13 étudiants.

À la question, quels aspects les plus positifs pourriez-vous retenir de cette expérimentation d’échanges avec des néo professeurs étrangers (le cas de l’Algérie) ?

100 % : La satisfaction des élèves français dans ce projet et leur plaisir de découvrir d’autres élèves.

100 % Satisfaction des parents, beaucoup d’attentes.

70 % Les découvertes des élèves quant à la culture différente par les fêtes, par exemple.

À la question, quels aspects techno-créatifs ont été développés lors de ces échanges :
– 100 % : La présentation des élèves en autoportrait (écrit et oral) et l’environnement proche des élèves grâce à des outils numériques en hybridation avec les productions papier.

De façon plus aléatoire en fonction du matériel disponible :

– l’utilisation des systèmes d’information géographique pour faire découvrir les lieux de vie où l’on habite et découvrir l’endroit où se trouve l’école des correspondants. Les SIG ont permis de travailler naturellement la notion d’emboitements d’échelles.

– La conception et le partage de supports tels que les romansphotos.

– Des échanges de lettres et/ou courriels. Lettres de présentation individuelle et d’ensemble.

– Création de carnets de voyage et de capsules vidéos.

– BD sur l’environnement en emboitement d’échelles.

– Cartes de vœux réalisées par les élèves eux-mêmes.

– Vidéo de la classe des élèves qui travaillent les TICE

– Photos des sourires des élèves avec les prénoms des élèves.

  1. Conclusion

Après cette première année de collaboration les échanges entre les deux publics de néo professeurs se sont avérés favorables à la formation, au développement des compétences interculturelle, linguistique, bien plus des compétences communicationnelles professionnalisantes.

Ces constats sont également vrais à un autre niveau, ainsi concernant la phase préparatoire du projet de télécollaboration universitaire, les échanges virtuels entre les deux encadrants universitaires ont permis de faire évoluer le dispositif pour la 2ème année de l’expérimentation.

En outre, en octobre 2018, le déplacement de l’enseignante-chercheure algérienne à l’INSPE de La Seyne et sa rencontre avec les futurs interlocuteurs de ses étudiants a permis d’accélérer le processus de compréhension, du point de vue français, sur des aspects de fonctionnement du système éducatif et de formation en Algérie. À cette occasion, des questions sociétales ont également été abordées, relevant de la vie quotidienne des habitants d’Oran.

Des curiosités et des interrogations qui ont aussi trouvées des réponses grâce aux interactions établies entre les pairs algérien/français. Les séquences communicatives portées sur les conditions et les problèmes rencontrés en formation et dans les classes par les néo-enseignants algériens et français. Néanmoins, il est arrivé, dans les échanges sur Messenger, que les discussions prennent une tournure amicale et que des situations sociales authentiques prennent le dessus. En effet la curiosité de connaître l’autre, au-delà du projet pédagogique, finit par marquer cette forme de correspondance virtuelle sous un aspect non formel où les conversations les conduisent à faire une collecte des informations sur la vie réelle, sociale et familiale de l’interlocuteur. Ces données sur l’autre finissent par constituer une banque de données sur la culture du natif de la langue étrangère, autant de représentations fidèles au vécu réel construites sans intermédiaires.

Cette méthodologie de confection de l’environnement favorable à l’apprentissage des langues étrangères est d’autant plus intéressante lorsque nous arrivons à la reproduire avec des apprenants novices. En effet, si le terme étrangéitérésonnait comme le symbole d’une insécurité linguistique encore plus identitaire, la connaissance de l’autre « étranger » finit par installer une sécurité et par rassurer l’apprenant de toute tranche d’âge.

Bibliographie

  • MORLAT, Jean-Michel. 2009. « L’approche interculturelle en classe de Français Langue Etrangère »,disponible sur [En ligne]<www.edufle.net/_Jean-Marcel-Morlat >

  • ROMERO, M., LILLE, B., & PATINO, A. (Eds.). (2017). Usages créatifs du numérique pour l’apprentissage au XXIe siècle (Vol. 1). Presses de l’Université du Québec.

  • SOLTANI, Souhila. 2014. « Complexité de la communication interculturelle et représentations stéréotypées entre contexte favorable ou défavorable pour l’apprentissage du FLE: analyse des interactions des apprenants à l’université de Mostaganem », 5èmeouvrage collectif : La francophone universitaire en question, Montréal, (RIFEFF) / (AUF).


1 http://www.rifeff.org/pdf/Ouvrage_fef_5.pdf