Raoul Maria de Puydt
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KÖLN, 18 bis 25 juni 1982, International Literaturtage ‘’Interlit 82’’ Schriftsteller für den Frieden :
A l’occasion de ce congrès international, l’attaché culturel de l’Ambassade de Belgique à Cologne, monsieur Adelin De Buck m’invite le lundi 21 juin 1982 à lire de la poésie en langue néerlandaise à la bibliothèque de la Belgisches Haus, où je réside. Une traduction en langue allemande est apportée par Edwin Ortmann. Parmi les invités se trouve madame Gertrude Durusoy, prof. à l’université d’Egée, parlant aussi bien l’allemand, le turc que le français, étant originaire du nord de la France. Tout pour forger un contact amical jusqu’au jour où elle nous a quittés. Nos deux familles se sont souvent revues lors de nos voyages respectifs en Belgique (Dilbeek et Oostduinkerke / mer du Nord) et en Turquie (İzmir) avec les enfants.
DILBEEK (B) Made in Flanders (1984-1985)
Gertrude me propose très vite de traduire les poèmes de Cologne (5) en turc en se basant sur les traductions existantes en français et en allemand. Etant du nord et polyglotte, la langue flamande, appelée officiellement néerlandais, lui est très compréhensible. Ces poèmes seront ensuite publiés dans la revue Oluşum, n° 66, Ankara, 1983, p. 34-35.
Un an après, ces cinq poèmes, complétés par un sixième ‘Elveda’, seront publiés dans une édition de luxe intitulée ‘Made in Flanders’, poèmes muraux avec colophon et illustrée d’une lithographie de l’artiste flamand Norbert De Clercq (°1937).
İZMİR KONAK, 18-21 mars 2006, International Poetry Meeting
En collaboration avec le P.E.N. Turkey, le maire de la municipalité d’İzmir Konak, A. Muzaffer Tunçag, m’invite au ‘International Poetry Meeting’ afin de promouvoir la beauté de la poésie et de la littérature des régions européennes, sur proposition et sous la direction du prof. Durusoy. Un recueil commémoratif des participants à ce festival, avec une sélection de poèmes, sera publié sous le titre ‘nothing beyond’. J’y représente la Belgique, avec trois poèmes issus de nouveaux recueils de poèmes en néerlandais : ‘Liefdesvuur’, 1978 ; ‘Doodverf’, 1984 et ‘Oostduinkerkse gedichten’, 1999 ; tous avec traduction de Gertrude Durusoy.
Dans l’intervalle, son tendre époux aux allures olympiques, nous fait découvrir la beauté d’Ephèse.
Le 18 mars 2006 à 15h30, j’ai eu l’honneur de faire part à une assemblée, de ma vue de l’art poétique, que je reprends ci-dessous en mémoire de cette grande dame de la littérature, des langues et des cultures européennes.
L’ART POÉTIQUE
Tout art est création de l’homme.
Le peintre utilise des spatules, des brosses, des pinceaux ou ses doigts pour créer une œuvre, qui sera dénommée ‘Art’, quand un certain nombre de gens la ressente comme originale, créant une vision de la beauté.
Le sculpteur s’exprimera dans le marbre, la pierre bleue, ainsi que dans le bronze ou la terre cuite pour créer un modèle, une forme dont il ressent l’esthétique.
Le cinéaste ne doit pas uniquement raconter une histoire en images, les scènes doivent intriguer le spectateur.
L’écrivain n’a que le mot, le verbe, la phrase et les lettres, 26 dans la langue néerlandaise (flamande), pour exercer son art. Avec ce choix extrêmement limité, on a rempli des dictionnaires et écrit des milliers de romans et des millions de poèmes.
Mais est-ce que tout ce que l’on écrit, tout ce que l’on publie, peut se placer sous la dénomination de l’Art et de la Poésie et peut dès lors franchir le seuil de notre passé sur terre ?
Notre création ne sera poétique que si nos mots, nos phrases, nos poèmes, restent résonner comme de la musique, une musique qui peut convaincre les cieux ; et la faire réciter par nos enfants et petits-enfants pendant les moments de joie ou de peine, de douleur ou d’explosion de fête est un vrai bonheur.
A travers les siècles, nous avons élaboré des règles poétiques différentes, allant de la sonate au verbe libre et au haïku.
Cela concerne le labeur du poète qui forge son métier. Mais un homme sans inspiration, sans rêves, ne deviendra jamais poète. C’est l’émotion du moment de sa vie qui transforme le forgeron en poète, non la forme de son enclume. Un seul recueil peut nous immortaliser, tandis qu’une dizaine restent dans l’oubli. La beauté ne s’explique pas. Elle se laisse ressentir à travers tout le corps et résonne dans les veines.
Ceci implique que toute traduction purement littérale trahit l’âme du poète.
L’artiste reste, qu’il soit peintre, musicien ou poète, solitaire, un homme qui forge dans son esprit un miroir du monde avec les moyens du bord. Pour le poète, la valeur d’un mot, l’accent ou la tonalité qu’il y met, ouvrent un monde, mais restent une création individuelle qui rayonne dans le milieu où il vit et qui résonne dans le bois où aucun arbre n’est identique.
Le poète forme la voix d’un peuple, d’une société, d’une philosophie.
Qu’il le veuille ou non, chaque poème est un message artistique.
© Raoul Maria de Puydt
24/08/2019