L’intégration des TIC dans l’enseignement/ apprentissage de l’activité d’écriture à l’université.

BELOUADI Fatima Zohra,
Université d’Oran2

Résumé : Dans la présente contribution, nous tentons à travers une expérimentation de mettre en évidence l’impact des usages des technologies de l’information et de la communication sur les pratiques pédagogiques. Nos étudiants ont des difficultés et des appréhensions face à l’écriture ; nous leur proposons de se servir de l’ordinateur pour supporter l’acte d’écrire. Nous supposons qu’une situation de production d’écrit faisant usage à la ressource informatique, tout en intégrant la dimension humaine ; conduit à améliorer l’apprentissage d’écriture et à apprendre autrement à l’ère du numérique.

Mots clés : les technologies numériques- apprentissages de l’écriture- pédagogie- enseignement supérieur- les usages.

Abstract: In the present input, we try through an experiment, to highlight the impact of using information technologies and the communication on the educational practices. Our students have difficulty and apprehension when it comes to writing; we suggest them to use the computer, in order to support the act to writing. We suppose that a situation of writing expression making use of the IT resource, while integrating the human dimension; helped in improving the learning of writing and to teach differently the era of the digital technology.

Keywords: Digital technologies – learning from writing – pedagogy – higher education – uses.

L’évolution très rapide des environnements de travail et d’apprentissage interroge profondément l’école et la société : nos enfants sont nés dans un monde d’informations continues, de partage, d’échange et de création, ils font partie d’une génération hyper connectée, ouverte, communicante, dont les modes de fonctionnement changent radicalement de ceux des générations précédentes.

Le développement d’une culture numérique partagée est présenté comme un objectif politique, social et éducatif. Cela se traduit par des demandes institutionnelles fortes pour une croissance de l’usage des TIC (Technologies de l’information et de la communication) par toute la communauté éducative : apprenants, enseignants, formateurs…

Les métamorphoses sociétales nous obligent conséquemment à participer, et à participer activement à ce monde technologique. Elles nous contraignent à revisiter nos modèles d’apprentissage, nos pratiques d’enseignement et à revoir nos objectifs.

Il faut dire que les TIC sont partout, dans toutes les activités quotidiennes : commerce, banque, administration, santé, loisirs…et qu’elles changent notre façon de travailler, d’apprendre, d’écrire ; voila pourquoi nous sommes passés dans une ère ou chaque siècle rend le précédent désuet du point de vue technique.

Nous ne sommes pas sans savoir que ces mêmes technologies numériques permettent de gagner du temps, et installent facilité, rapidité là où il y avait complexité et lenteur.En effet certains chercheurs veulent savoir si les technologies de l’information et de la communication peuvent avoir un impact positif sur la persévérance et la réussite scolaires.

Entant qu’enseignante universitaire chargéedu module « C.E.E » et ayant pour missiond’apporter un savoir et un savoir faire rédactionnel, nous nous sommes posée les questions suivantes :

Comment peut-on intégrer rentablement les TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) dans le milieu éducatif ? Quelles sont les démarches pédagogiques permettant de développer les compétences de l’ère du numérique ? Et comment les TICE peuvent aider à mettre ces compétences en œuvre dans les salles de cours ?

Alors ces outils numériques favorisent-ils la motivation et les apprentissages ? Permettent-ils de développer les compétences clés nécessaires ? L’ordinateur modifie l’écriture et la pensée …et dans quelle mesure exactement ?

Notre principale tâche était de soutenir des changements de pratiques enseignantes par l’usage des nouvelles technologies, et d’interroger les écrits par rapport au vocabulaire, aux incorrections.

Après les nombreuses réformes mises en œuvre, et comme suite logique, l’école a intégré les TICE pour essayer de répondre à une attente forte des élèves qui veulent vivre avec leur temps, rassurer des parents qui souhaitent que leurs enfants soient préparés à s’intégrer sur le marché du travail. Cela se généralise à tous les niveaux d’enseignement, du primaire au supérieur.

L’extrait qui suit ne peut que confirmer cette demande institutionnelle de l’état algérien. Ce passage est tiré du référentiel général des programmes algériens, il met l’accent sur l’obligation d’intégrer les TICE à travers différentes situations pédagogiques dans le but de faciliter le processus enseignement-apprentissage.

 Face à l’extraordinaire développement des supports de la connaissance et des moyens de diffusion des savoirs, l’école a irrémédiablement perdu son statut d’antan de ‘citadelle du savoir’ et sa fonction s’est trouvée grandement transformée. Dans ce cadre, les programmes éducatifs sont appelés à intégrer les TICE à la fois comme objets d’étude et comme supports d’apprentissage. Les TICE serviront comme auxiliaires dans la relation pédagogique enseignant/ élève et dans le processus d’autonomisation de ces derniers.(Référentiel général des programmes, Mars,2009).

Et l’enseignement supérieur n’a d’autre choix que de réaliser aujourd’hui la transformation puisque les modèles sur lesquels il repose sont obsolètes, par exemple faire une séance de compréhension orale à partir d’un texte lu par l’enseignant ou une autre personne. Faire une séance de civilisation de la langue, à partir seulement de textes littéraires sans projection de films, documents, reportages…sur ordinateur. Ou encore demander aux étudiants de rédiger des productions écrites sans aide technologique.

Indubitablement la qualité de l’enseignement supérieur se retrouve au cœur des préoccupations des états pour permettre à leurs étudiants d’être compétitifs et performants sur le marché du travail et répondre aux besoins du développement humain, social, économique et culturels des pays ; et c’est le cas chez nous en Algérie. Or, et à ce jour, les connaissances scientifiques ne permettent pas vraiment de définir quelles stratégies d’utilisation des TICE devraient être adoptées par les universités et quels écueils devraient être évités.

Il faudrait que les technologies contribuent à la réussite universitaire et favorisent l’insertion professionnelle; il faut surtout cerner les conditions à réunir pour intégrer efficacement les TICE à ce niveau d’enseignement. BARRETTE1 nous dit à ce sujet :

« Les TIC se révèlent efficaces dans des activités pédagogiques qui les articulent finement à des méthodes servant des objectifs explicites » (BARRETE, 2010)

Il ajoute :

« il faut aller au delà du discours sur l’impact ou non des TICE en pédagogie universitaire, ce qui fait la différence, ce sont les types d’usages. »

… par conséquent, les universités devraient chercher à comprendre quels sont les usages gagnants en matière d’enseignement grâce aux TICE. 

« Le facteur à considérer n’est tant la technologie comme telle que l’intention pédagogique qu’elle permet de réaliser […]. Il ne s’agit donc pas réellement d’évaluer l’impact de l’utilisation des TIC, mais plutôt l’impact d’une stratégie pédagogique qui a recours à telle ou telle technologie adaptée à ses intentions »(BARRETTE 2004).

Nous l’avons compris, les paradigmes éducatifs doivent changer, et l’enseignement supérieur est contraint d’innover, d’installer des compétences chez l’étudiant et le conduire vers l’autonomie.

Par conséquent nous voulons étudier essentiellement l’apport des TICE au développement des compétences à l’écrit. D’autant plus que nous savons que nos étudiants ont des difficultés et des appréhensions face à l’écriture, et la position de scripteur ne les rassurent guère.

Nous partons donc de l’hypothèse suivante : l’usage des technologies de l’information et de la communication permettrait un meilleur apprentissage de l’exercice d’écriture. Et nous espérons que ces outils supporteraient positivement cette activité qui met en jeu plusieurs mécanismes cognitifs, métacognitifs et affectifs.

Viviane De LANDSHEERE nous dit au sujet de l’enseignement de l’expression écrite :

 La didactique contemporaine de l’expression écrite prend le contre-pied de l’enseignement traditionnel et le dépasse en partie grâce, notamment, aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.

L’apprentissage de l’expression écrite poursuit quatre objectifs fondamentaux :

1/ acquérir une habilité permettant d’enregistrer et de conquérir des connaissances ;

2/ développer la logique dans l’expression des idées ;

3 / acquérir la capacité de communiquer dans un contexte social déterminé ;

4/ acquérir un outil d’expression artistique (créativité). (De LANDSHEERE, 1992: 219)

L’organisation du protocole expérimental

Dans le cadre d’une recherche expérimentale au département de français du Centre Universitaire BELHAJ Bouchaib d’Ain Témouchent- Algérie-, nous ; enseignante de « C.E.E » (compréhension et expression écrite), avons cherché à développer un savoir –faire propre à l’activité d’écriture.

Cette expérimentation se voulait apporter une réponse à cette question : Dans quelle mesure une tâche assistée par l’ordinateur permettrait une meilleure appropriation de la technique d’expression écrite ? La technique étant la dissertation, il nous fallait passer par deux phases, la première était celle de la compréhension et de la préparation, et la seconde était celle de la rédaction.

Nous nous sommes basés sur la définition de : De LANDSHEERE2 :

 S’exprimer par écrit, c’est résoudre un problème. Le contenu de la communication étant déterminé, on fait des hypothèses sur les façons les plus adéquates de rendre sa pensée, tant au point de vue de l’importance relative des idées à exprimer et de l’articulation logique du discours que de la forme à utiliser et, éventuellement, de la stratégie à adopter pour convaincre. (De LANDSHEERE, 1992: 221).

Notre recherche a été menée sur un échantillon de cent étudiants de niveau linguistique et de compétences différents ; répartis en deux groupes comportant cinquante étudiants chacun. Le premier avait pour mission de disserter en utilisant l’outil informatique qui est doté de l’aide orthographique, de dictionnaires de langue et de dictionnaire de synonymes. Le second groupe devait réaliser ses productions sans ordinateur.

Cette activité s’étalait sur une durée de 7 semaines, soit la moitié d’un semestre à raison de 9 heures par semaine pour chaque groupe.

Lors de la première phase, nous avons proposé aux deux groupes un enseignement théorique sur la technique de dissertation. Nous avons présenté la dissertation comme un exercice d’écriture invitant les étudiants à rédiger une réflexion argumentée à partir d’une problématique donnée par le libellé du sujet. Il s’agit de développer sa pensée dans un texte structuré en s’appuyant sur le corpus, sur les objets d’étude et sur sa culture personnelle. Il est donc question de suivre une démarche pour discerner la problématique, rechercher des idées et dresser un plan détaillé.

Ainsi pour préparer la dissertation, il faut d’abord lire, comprendre et analyser le sujet qui repose sur une citation et en dégager la problématique.

Nous insistons dès lors sur la compréhension de la consigne, qui peut demander de développer, de commenter, ou de discuter le point de vue de l’auteur.

Cette étape préparatoire permet aux étudiants des deux groupes (groupe 1 de 50 étudiants dotés de l’outil informatisé et groupe 2 de 50 étudiants non doté de l’ordinateur) de faire appel aux stratégies cognitives comme : comprendre, raisonner, analyser, interpréter, comparer…. Et aux stratégies métacognitives comme : organiser leur travail, le planifier, s’appuyer sur des axes…

Pour se faire nous leur avons présenté-toujours dans la même phase-des exercices sur l’analyse du sujet de dissertation en proposant plusieurs citations, dont il fallait relever et expliquer les mots-clés ; en dégager la problématique et en identifier le travail demandé.

Des exercices sur la recherche des idées ont été proposés, afin de mettre en place un processus de rappel et de mobilisation des connaissances antérieures, qu’elles soient spécifiques à l’unité d’enseignement CEE (compréhension et expression écrite), et touchent à la grammaire, à l’orthographe, à la conjugaison et à la typologie des textes, ou encore aux concepts de cohérence et de cohésion. Ou qu’elles relèvent du domaine d’autres matières enseignées comme : étude de textes littéraires, civilisation de la langue, linguistique…

Une fois cette étape de recherche des idées réalisée en classe, terminée ; nous sommes passés à l’exercisation sur la construction du plan. Les exercices suggérés cette fois-ci aux étudiants permettaient d’élaborer le plan de la dissertation en fonction des consignes données.

D’ores et déjà nous remarquions chez le groupe 1, l’utilisation systématique sur PC des dictionnaires, soit pour définir les mots-clés, soit pour les reformuler en vue d’une compréhension optimale, et donc au terme de ce premier moment de notre expérimentation, nous avons donné la consigne de travail aux étudiants : 

 «Lire des romans, ce peut être aussi apprendre, en se donnant du plaisir, à mieux ouvrir les yeux pour agir demain ». Que pensez-vous de cette affirmation de Georges Jean dans son ouvrage Le Roman (Ed. du Seuil, 1971) ?

Nous avons mis en place un dispositif de compréhension et dégagé le plan et les suggestions susceptibles d’aider à faciliter l’approche du sujet. Il s’agissait d’appliquer en situation réelle les enseignements théoriques sur la technique de dissertation. Nous avons aussi fourni des règles langagières propres à la dissertation et nous nous sommes fixés sur un nombre défini de types d’erreurs à éviter. C’est ce qui nous a permis d’établir une liste de critères de réussite, et d’élaborer une grille d’auto-évaluation qui permettrait aux étudiants de développer un savoir-faire procédural.

Les apprenants ont d’abord fait une lecture silencieuse puis interactive du sujet proposé afin de poser leurs premiers regards critiques. La mise en route de ce processus métacognitif leur a simplifié la rédaction du premier jet. Nous faisons toujours référence aux propos de De LANDSHEERE: Cinq activités interviennent dans l’expression écrite :

  1. La génération des idées ;

  2. L’organisation de la pensée ;

  3. La composition du texte ;

  4. La rédaction et la révision ;

  5. Le feedback, idéalement donné par un destinataire réel, ou, à défaut, par d’autres élèves et le professeur. Cette évaluation reste sans effet profond si l’élève ne s’efforce pas réellement de se corriger, de mieux ajuster son expression, d’en augmenter la qualité, soit par ses propres moyens, soit avec l’aide de l’enseignant ou de tout autre interlocuteur.

On ne passe pas linéairement de la première à la cinquième de ces activités pour arriver au texte en une seule venue. Il s’agit d’un processus récursif qui peut aller jusqu’à parcourir à nouveau l’ensemble de la démarche si le premier produit terminal se révèle insatisfaisant. (De LANDSHEERE, 1992: 221).

Les résultats

Les étudiants qui travaillaient tout en effectuant les corrections possibles apportées par l’aide automatique ; se mettaient en position d’énonciateur et de lecteur en même temps car il est à rappeler que quand les mots ne sont pas écrits correctement, le logiciel les soulignent automatiquement en rouge, et leur propose des corrections). Et là nous nous attendions à obtenir des écrits moins fautés.

Nous avons constaté qu’à ce niveau les étudiants avaient dépassé le stade d’inquiétude face à l’écriture. Nous pouvons dire à cet effet que des stratégies affectives se sont installées grâce à l’aide de la technologie, puisqu’elle a rassuré les étudiants, leur a donné confiance en eux et a surtout diminué leur angoisse face à la production pleine d’erreurs.

Par contre, les étudiants du deuxième groupe avaient des difficultés face à cette activité .Ils endossaient le rôle d’apprenants lésés, désavantagés et même sanctionnés par rapport à leurs camarades. Ils préféraient être destinataires au lieu de destinateurs parce qu’ils ne parvenaient pas à dépasser leur anxiété face à l’exercice d’écriture. Et du coup ils avaient du mal à réactualiser les techniques apprises, à insérer les stratégies cognitives et métacognitives indispensables à l’activation du processus de rédaction.

Suite à l’analyse des résultats nous avons cherché à savoir comment et dans quelles mesures l’outil informatique avait été bénéfique et quelles conséquences il avait eu sur les productions écrites des étudiants.

A l’issue de cette expérimentation, nous avons observé un profit psychologique : l’utilisation de l’ordinateur a été appréciée car elle a apporté de choses nouvelles par rapport aux outils traditionnels. Les conditions de travail ont été qualifiées de favorables et d’enthousiasmantes. Les étudiants ont trouvé le traitement de texte élémentaire et amusant à utiliser puisque la ressource informatisée leur a rendu la tâche d’écriture moins escarpée et moins déplaisante.

Rolland VIAU3apporte une précision sur cette situation portant sur le rapport entre les TICE et la motivation des apprenants :

Il faut que l’apprenant soit constamment invité à faire des choix et avoir » son mot à dire » dans sa façon d’apprendre. De plus, il faut qu’il reçoive des encouragements appropriés et des commentaires judicieux sur les actions qu’il pose et sur sa démarche d’apprentissage. Il faut également qu’il puisse faire des erreurs, sans pour autant être critiqué. Enfin, il faut que l’environnement soit convivial et attirant sans pour autant être à l’image des jeux-vidéos. (VIAU, 2005: 6)

En se référant à cette citation de VIAU, l’on pourrait dire qu’en faisant usage des outils informatiques, nos étudiants scripteurs font des erreurs mais ne sont pas critiqués puisqu’ils s’auto-corrigent dans la bonne humeur.

En fait, nos scripteurs ont gagné du temps en rectifiant les erreurs sans réécrire le texte, contrairement au papier. Les étudiants n’appréhendaient plus la remise des copies aux enseignants-évaluateurs et ont fait preuve de confiance en soi dépassant le sentiment d’échec.

LOISIER4cité dans un rapport de l’Unesco, qui fait le bilan d’un grand nombre de recherches sur le sujet, rédigé par W.J. PELGRUM et N. LAW nous dit

« il est difficile de cerner réellement les avantages et les inconvénients des TIC à partir des différents travaux effectués. Cependant, on peut dire que les TIC semblent améliorer les connaissances, les aptitudes et les compétences transversales, en contribuant à la motivation, au plaisir d’apprendre et à l’estime de soi » (LOISIER, 2011: 67).

La perception de l’écriture

Nous avons sélectionné des critères linguistiques de la production écrite afin de mesurer l’impact de l’intégration de l’outil informatique dans l’activité d’écriture. Dés lors, nous avons retenu un nombre très réduit de critères tels que : la présence de cohérence, l’emploi du procédé de substitution et d’un vocabulaire plus enrichi.

L’analyse des rédactions nous a donné à lire  que sur cinquante (50) étudiants n’ayant point utilisé l’outil informatique pour s’aider et corriger leurs erreurs grâce à l’aide orthographique, trente cinq (35) n’ont pas donné satisfaction : nous expliquons nos dires par le fait que leurs productions comportaient des erreurs (répétitions, incorrections…) soit un taux de soixante dix pour cent (70 %) d’étudiants ayant disserté. Le contenu de leurs travaux était moins riche et d’une structure textuelle appauvrie.

Par contre, les travaux des cinquante étudiants restants prouvent l’efficacité de l’intégration de l’outil informatique dans la classe de langue généralement et dans l’activité d’écriture particulièrement. Nous avons constaté qu’ils ont pu produire des dissertations beaucoup moins erronées par rapport à leurs camarades: présence d’un vocabulaire plus enrichi (les apprenants ont eu recours au dictionnaire de synonymes), de procédé de substitution et l’inexistence d’incorrections orthographiques.

L’ordinateur donne un nouveau statut au texte originel, il permet de dépasser les incertitudes, les hésitations, les ratures, les approximations et les doutes qui font la vie de l’écriture (les étudiants peuvent recourir à la traduction pour dépasser une situation de blocage).

Exemples d’incorrections corrigées à l’aide de l’outil informatique

Après évaluation des travaux, nous avons enregistré des progrès, mais cela ne nous permet pas d’en tirer un enseignement immaculé. Nous avons remarqué un manque d’organisation et de cohérence au niveau de la structure du texte car les étudiants pensaient surtout aux questions de correction langagière aux dépens des autres critères rédactionnels. Ils donnaient beaucoup plus d’importance à la mise en page de leurs productions qu’au travail approfondi : absence d’outils de liaison, problème de cohérence/ cohésion et erreurs telles que : accord, nombre et genre.

Conclusion

L’histoire n’arrête pas de nous prouver que technologie et enseignement se rejoignent dans un même but ; celui d’améliorer les apprentissages et leur apporter des contributions potentielles. Dans cette expérimentation, en intégrant l’outil informatique ; l’objectif était de permettre à chaque étudiant d’auto-construire son savoir et donc construire son propre réseau de connaissances actif, ainsi qu’une prise en charge sur le plan de l’évaluation. L’usage de l’ordinateur dans l’activité d’écriture installe chez l’étudiant la capacité à appliquer le processus de la résolution de problèmes, et lui donne des solutions applicables dans l’immédiat.

Ceci dit il n’est point de ressource miracle, certes les TICE peuvent faciliter dans une certaine mesure l’activité d’écriture, mais il est à entrevoir d’autres moyens et procédés à développer pour que cette activité soit appréhendée du mieux possible. Il reste à suggérer d’intégrer- et sur le long terme- l’ordinateur voir même des multimédias dans l’apprentissage de l’écriture dans le but d’optimiser les compétences rédactionnelles, d’autant plus que nous disposons actuellement d’outils numériques de plus en plus sophistiqués.

Du traitement de texte aux dictionnaires, des logiciels aux programmes donnant des conseils pour la composition de textes convaincants et stimulant l’expression en fonction du genre de composition : narrative, descriptive, argumentatives.

Enfin, doter les salles de cours de réseau internet pour permettre aux étudiants de se connecter et d’effectuer des recherches instantanées. Et dans le cas où l’on fait appel au courrier électronique, on optimise l’interaction entre les étudiants puisqu’ils peuvent échanger leurs productions écrites et se corriger mutuellement.

Pour conclure nous dirons que toutes ces ressources numériques peuvent offrir de nouvelles manières de faire le cours de français et d’approuver l’acte l’écriture. Mais il faut signaler que le meilleur apprentissage ne peut évincer la présence de l’enseignant et c’est à lui de sélectionner l’outil technologique en fonction du contenu pédagogique à enseigner.

Bibliographie

DE LANDSHEERE, V. (1992),   L’éducation et la formation, Presses universitaires de France.

KARSENTI, T., LAROSE, F., (2005),L’intégration pédagogique des TIC dans le travail enseignant : recherches et pratiques,Québec, Presses de l’Université du Québec.

MOIRAND, S .,(1979),Situations d’écrit. Compréhension /production en français langue étrangère. (Coll. Didactique des langues étrangères) .

PELGRUM, W.J. et LAW, N. (2004),Les TIC et l’éducation dans le monde : tendances, enjeux, perspectives, Rapport de l’Unesco.

VIAU, R. (2005), 12 questions sur l’état de la recherche scientifique sur l’impact des TIC sur la motivation à apprendre, Université de Sherbrooke[http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/LME/lombard/motivation/viau-motivation-tic.htm].

Sitographie

-Une grille d’analyse pour jeter un regard critique sur les activités TIC,  Numéro 71, Octobre 2009 [http://clic.ntic.org/cgi-bin/aff.pl?page=article&id=2146] (Consulté le 20 mars 2013)

Protocole de présentation des travaux écrits Cégep de Sherbrooke[http://cegepsherbrooke.qc.ca/intra/rp/files/ssparagraph/f2106160270/microsoft_word_d_tic 803 pdec.pdf] (Consulté le 21 mars 2013)

– Analyse des recherches sur les TICE[http://www.european-mediaculture.org/fileadmin/bibliothek/francais/lebrun_courants/lebrun_courants.pdf] (Consulté le 10 juin 2013)

– [https://philosophie.cegeptr.qc.ca/2011/08/analyse-des-recherches-sur-les-tice/](Consulté le 10 mai 2016)


1Christian BARRETTE est un anthropologue qui a centré sa carrière sur l’enseignement et l’utilisation des TIC pour améliorer l’apprentissage des élèves du collégial.Il s’est intéressé aux médias et aux technologies et a participé à la publication de plusieurs ouvrages didactiques.

2Viviane De LANDSHEERE : Docteur en sciences de l’éducation.

3VIAU, R. (2005), « 12 questions sur l’état de la recherche scientifique sur l’impact des TIC sur la motivation à apprendre », Université de Sherbrooke.

4LOISIER, Jean est un chercheur en sciences de l’éducation, il a synthétisé plusieurs travaux de recherches sur l’usage des TICE faites entre les années 1995 et 2010.