Trans Internet-Zeitschrift für Kulturwissenschaften 15. Nr. August 2004
 

5.11. Das Schreiben in der Migration: Literatur und kulturelle Kontexte in der Romania
HerausgeberIn | Editor | Éditeur: Klaus-Dieter Ertler (Universität Kassel/Graz)

Buch: Das Verbindende der Kulturen | Book: The Unifying Aspects of Cultures | Livre: Les points communs des cultures


Sergio Kokis, "citoyen du monde"

Voichita-Maria Sasu (Université "Babes-Bolyai" de Cluj-Napoca, Roumanie)

 

 

"À la problématique de la différence, il faut, je crois, opposer fermement dans un monde hostile qui se guettoïse une problématique de l'alterité, à penser dans le cadre d'un nouvel universalisme."

(R. Robin, Défaire les identités fétiches)

Le "nouvel universalisme" dont parle Régine Robin n'est pas nouveau du tout: senti comme appartenance à un espace englobant le monde (et non aux fragments explosés, débris limitatifs enrayant le trajet anthropologique dont parle Gilbert Durand(1)), il reprend la pensée chère aux humanistes du XVIe siècle et à Erasme, en particulier, qui voulait bien être un citoyen du monde. Cette attitude est saluée et reconnue: "La littérature migrante serait un projet pouvant mettre terme à une ethnicité diffuse et étouffante qui caractérise le Québec contemporain. Elle pourrait de plus favoriser l'émergence d'une pensée cosmopolitique; la confusion identitaire, la procrastination et l'hésitation dans le domaine du politique devenant soudainement des atouts à repenser dans le Québec démembré de la postmodernité."(2) Cette "doxa rassurante" ne doit pas pourtant se muer en une "apologie du nomadisme, de la fragmentation, de la trans-culturalité et du métissage"(3), parce qu'il peut y avoir, entre "le ressassement de l'identité et la valorisation de la déterritorialisation" quelque chose qu'on a négligé et qui appartient "à l'espace de la communauté impossible, du littéraire"(4) (S. Harel).

Nous nous sommes penchée sur un des romans de Sergio Kokis, intitulé de manière significative Errances(5). Les rapports espace/temps correspondants aux rapports exil/mémoire (souvenir) se recoupent de manière constante en un mouvement pendulaire (1964 Brésil/1984 Allemagne), accompagnés du rapport vie/rêve comme variante, et ont pour corollaire les rapports identité/masques et écriture/langue.

Se dessine ainsi, au fur et à mesure des "errances" spatiales et spirituelles, une image complète et attachante de l'écrivain brésilien en terre d'exil. Forcément autobiographique par la donne [S. Kokis, Brésilien vivant au Québec - Boris Nikto, Brésilien exilé en Allemagne de l'Est, (mais dont le père allemand avait émigré au Brésil, on ne peut ne pas remarquer le dernier parallélisme ironique, significatif peut-être)], le roman est une réflexion suivie sur l'exil et les sentiments qui l'accompagnent, sur l'identité dans laquelle il perçoit une rupture profonde:

"Il avait l'impression d'une rupture profonde dans son identité puisque les années les plus importantes de sa vie perdaient tout leur sens. L'homme de quarante-cinq ans se trouvait ainsi projeté vingt ans en arrière, dans une jeunesse qu'il avait créée comme un roman, avec des bribes de réalité, beaucoup de fiction pour combler les lacunes et la simple nostalgie en guise de fil discursif." (40)

Le besoin de reprendre le passé, il ne le conçoit pas au début comme tel, mais comme un divertissement que peut apporter le souvenir et une délectation aux "fantaisies de la mémoire". Cela le pousse à justifier son exil:

"... durant ses années d'exil, au contraire de ceux qui n'avaient jamais émigré, il avait ressenti cet étrange besoin de se justifier pour donner un sens à son départ. Sauf qu'auparavant il s'était borné à satisfaire vaguement la curiosité de ses interlocuteurs par de petits détails ou de petits silences, pour leur donner l'impression qu'ils comprenaient. L'exilé fascine tellement les sédentaires que ceux-ci comblent spontanément toute lacune à l'aide de leurs propres désirs de partance et d'aventures. Et le combattant a un charme singulier pour tous ceux qui ne se sont jamais opposés à rien." (41)

Étudiant en mathématiques, jeune lieutenant et militant communiste, il ne continue pas son combat (sauf par l'écriture), conscient qu'il est "qu'il n'y a pas de combat en exil, seulement l'attente, le souvenir et la frustration" (41). Ainsi "l'air salé de ses souvenirs" (17) est en constante opposition avec la "réalité palpable" (17).

La visite du consul brésilien annonçant l'amnistie dans son pays et lui proposant le retour vient trop tard, parce que, paradoxalement, malgré les vingt ans de réflexion ou peut-être à cause de cela, "il n'était plus prêt." (15) La méditation qui s'ensuit provoque un renversement dramatique en Boris: si bien adapté qu'il n'était plus perçu comme étranger, si solidaire de ses compagnons, il les voit brusquement autres:

"Mais ses propres souvenirs rendaient les autres singulièrement étrangers, comme des morts épinglés dans un musée macabre." (18)

Le souvenir le rend aussi très conscient du temps qui tend son piège en emboîtant "les réalités à la manière d'un simple jeu; le présent risquait de devenir une véritable boursouflure enfermant des espaces séparés par des milliers de kilomètres et des temps éloignés de dizaines d'années" (29) En cela, Kokis renverse la conception de G. Durand qui voit l'espace avec son millier d'alvéoles contenant un temps comprimé. Chez lui, le temps (= le présent) renferme des espaces séparés mais aussi ses autres unités temporelles.

Conscient du fait que le temps ne s'arrête pas, que lui il a vieilli aussi, il éprouve pourtant l'impondérable, il sait que "l'exil suspend le temps" (30) et que sa vie en exil ne peut combler le vide énorme qu'il sent. Il se dit qu'il n'a pas immigré: "Tout ce temps, il n'avait été que de passage, exilé, en attente de retour..." (50)

L'espace et le temps se tiennent, les deux, en dérive(6) et ce passage, dont parle Kokis, n'est en effet, comme le pense L. Gauthier, qu'un "retour vers un passé commun idéalisé à jamais perdu", jamais une trajectoire réelle (dans le temps et dans l'espace) mais "une transition entre deux états de conscience, la métamorphose d'un cheminement intérieur. "(7)

Le legs de la mémoire (effet du vécu personnel) oblige l'immigrant à confronter les réalités du pays d'accueil aux images du pays d'origine embellies par la distance, la nostalgie, l'oubli; en route vers son Brésil natal, Boris analyse ce changement brusque qui s'est opéré en lui et qui lui fait méconnaître ce monde dans lequel il avait vécu pendant vingt ans: tout le bloc socialiste "fissuré" et "en ruines", "bateau en plein naufrage", "désabusé", "sans la moindre trace de sentiments utopiques qu'il lui avait autre fois attribués" (50-51). La conclusion lui apparaît lumineuse: "Son long séjour était en effet resté provisoire; avec la mauvaise foi de l'hôte de passage, il s'était contenté de lieux communs pour qu'on le laissât en paix" (51) La démystification ne sera que plus évidente, sous le choc de la misère retrouvée lui signalant "qu'il était bel et bien revenu en arrière" (270):

"Tu vois, les souvenirs de ce pays me sont devenus tellement précieux durant l'exil, que je les ai embellis au point de créer un endroit idéal ... C'était presque délirant." (391)

Chose étrange, l'avenir est oblitéré, et si, à la ferme de Policarpo(8) le passé s'estompait pour laisser la place à l'avenir, en Allemagne, "l'avenir serait un reprise du passé; et cette marche à reculons lui causait beaucoup de lassitude." (127) La mémoire sélective l'empêche de comprendre que cette idée est fausse, que le passé ne peut être repris, qu'on ne peut tout recommencer là où on l'a laissé, que le plaisir de la mémoire ne saurait dissimuler "la réalité en pelures d'oignon" (128).

Boris ne peut pas parler de la nostalgie, ayant appris à l'apprivoiser, mais parle volontiers de l'exil, cette "disponibilité pour naviguer à la dérive une fois qu'on a coupé les liens avec l'enfance. Il peut être soit souffrance, soit aventure; ça dépend de la façon dont on a largué les amarres et lâché du lest." (176)

Cet exil, comme on le voit, est l'exil intérieur, qui a une justification et se distingue si bien de l'exil indolent, purement extérieur de ceux qui, comme les officiers nazis ou d'anciens S.S., avaient différé indéfiniment leur retour. Cet autre exil est une rupture, parce qu'il était prêt à rompre, parce que l'Europe représentait la liberté, parce que l'échec n'entrait pas en ligne de compte étant relatif parce qu'échec aux yeux des autres seulement. Mais il y a un temps pour la rupture:

"... mes ruptures étaient les ruptures que je pouvais me permettre sans me briser. Il arrive un jour où l'on est trop vieux pour rompre, on se contentera alors de regarder l'horizon ..." (208)

Il n'éprouve pas de peur, en tant qu'exilé, mais bien "le déracinement", "l'incommunicabilité", "l'incapacité(...) de se fixer au présent" à cause de "l'attirance insolite vers des mondes imaginaires qui dépouillent le réel de sa matière" (236), un réel trop différent, trop éloigné de son horizon d'attente, trop peu satisfaisant.

"L'exil, c'est comme perdre la vue ... On ne garde que les souvenirs anciens, on les chérit comme des trésors sans égard à ce qui se passe dans le présent." (278) L'impossibilité au retour brésilien de s'adapter dans sa propre ville, qui lui apparaît étrangère, plus encore que les autres villes étrangères connues, s'explique par le fait qu'elle "enferme son passé plein de remords, de regrets et de rancunes" (298) et risque de l'enfermer, de l'emprisonner aussi. Boris constate avec surprise, lorsqu'on lui pose la question, qu'il ne pourrait pas vivre au Brésil, son pays:

"Je me sentirais toujours comme un immigrant, comme l'a été mon père." (325)

Il lui reste "nier la mort" l'errance, qu'il préfère à l'exil, un voyage qui pourrait éventuellement le mener à bon port. Mais y a-t-il un port?

"Autrefois cette senteur marine me transportait ici; maintenant, elle me renvoie à la mer Baltique ... Olga, Clarissa, ce ne sont peut-être que des étoiles qui me servent à naviguer. Mais, le port; y a-t-il port véritable, ou n'est-ce que l'ailleurs?" (389-390).

Kokis se distingue en cela de ces auteurs dits "ethniques" qui pourraient figurer "l'achèvement du voyage, sa limite interne sous la forme d'une identité à la fois troublante et dérangeante. "(9)

L'attrait du large, qui le domine, est au fond une quête de la liberté, mais non pas celle de faire ce qu'on veut, mais "l'exigence de ne pas s'arrêter en chemin, le plus confortable soit-il", celle qui pousse à la découverte et à l'aventure intellectuelles (466), celle, aussi, dirais-je, qui permet de définir, de cerner son identité profonde au-delà du (ou des) masque(s).

Lors de l'interrogatoire, auquel on le soumet en Allemagne de l'Ouest avant de lui permettre le retour, Boris fait le point sur sa vie:

"Boris allait sortir de cet interrogatoire bien renseigné sur sa propre apparence et sur les fables pouvant être créées à partir des déguisements qu'il s'était donnés. C'était une étape de plus dans la connaissance de son propre personnage, qu'il fréquentait désormais avec un certain sens de l'humour." (79)

Sergio Kokis rejette par cette affirmation, l'idée de S. Harel suivant lequel l'identité "n'est plus un a priori, encore moins la forme embryonnaire de la conscience de soi qui connaîtra au cours de la maturation du sujet son plein déploiement"(10). Serait-ce là une fine suggestion de trans-identité, n'étant pas localisée territorialement?

La "bougeotte" dont il souffre est responsable de l'image qu'il réfléchit. Son ami Mateus le voit "un peu transplanté":

"Toi aussi, Boris, t'as l'air un peu transplanté. Tu parles comme un Brésilien, mais ta tête et tes racines ne sont pas d'ici. [...] Non, c'est plutôt le manque de racines." (166-167)

Par l'intermédiaire de Boris, Sergio Kokis ne cesse de s'interroger sut l'identité en général et sur le rapport de celle-ci avec la création littéraire, avec la fiction:

"Car, cette réalité qui sert de preuve aux sciences, comment se manifeste-t-elle lorsqu'il s'agit d'identité dans temps? Il est évident que chacun tisse un ordre personnel, un sens arbitraire pour se sentir lui-même, pour se donner une permanence. Pourquoi donc s'arrêter à mi-chemin lorsqu'on peut aller beaucoup plus loin, comme dans les romans? Pourquoi cela devrait-il se limiter aux textes écrits?" (185)

Son identité est ressentie comme "fragile", "pleine d'illusions" (221) au début de l'exil; elle reste une source intarissable de questions lors du retour, questions sans réponse que l'errance lui a appris à chérir: "... était-ce le pays ou lui-même, le véritable étranger? Ou encore, de manière moins compromettante: c'est quo au juste, le fait d'être étranger?

La vraie question, celle qu'il cherchait à élucider, etait là, derrière toutes les autres, se déguisant sans cesse comme une danseuse aux mille voiles et offrant sa brillante certitude sous la forme de nombreux mirages: c'est quoi au juste un Boris Nikto qui vieillit? Et elle mettait aussi en question toutes les autres questions dont celle de l'écriture elle-même." (352)

Comme tout artiste, Boris sait que "le masque, le maquillage et les déguisements font partie intégrante du métier" (209); il perçoit son passé comme l'image "d'une marée, d'une mer montant et descendant, sur laquelle flottent des masques à la dérive. Pas des têtes ni des corps, personne. Rien que des masques qui glissent et s'entrechoquent les uns contre les autres, avec leurs rictus, leurs sourires, leurs larmes et leurs cris. C'est une vision que je pourrais qualifier de cauchemar paisible; elle est tout de même inquiétante puisque je sais que les gens sont morts noyés. Il y a d'ailleurs des corps désarticulés sur la plage, qui bougent dans mon sommeil. Le plus curieux, c'est que je me reconnais dans cette infinité de visages et de rôles, sans toutefois savoir lequel m'appartient en droit." (215) C'est là l'aveu de la conscience d'une identité en devenir que l'on ne peut encore délimiter avec précision mais qui se trouve au centre des préoccupations de l'artiste en général, de Sergio Kokis en particulier. Les signes extérieurs de l'identité, tel le nom, subissent des transformations. "Lorsqu'on change de pays, la première chose qu'on perd, c'est son vrai nom." (401-402) Un nom symbolique, peut-être, dans son cas; pourquoi autrement, Kokis aurait-il choisi pour son héros celui de Boris Nikto? Boris, parce que son père avait des racines slaves, mais aussi pour donner tout son poids à Nikto qui, en russe, signifie "aucune personne". Le nom de la nouvelle identité offerte par le colonel Policarpo est un traduction: Robert Nowan (l'orthographe ne faisant pas écran, Robert nous offre la grille de décodage, l'anglais: no one = nikto = aucune personne).

Boris, comme Sergio Kokis, est écrivain. L'idée du retour, que le diplomate lui avait instillée, excite sa fantaisie et lui en fait voir la possibilité narrative, brouillant la frontière temps réel/temps imaginaire: "Les jours passèrent et il ne les remarqua pas. Le temps de la narration est en effet une dimension plus saisissante et hâtive que celui de la vie, surtout lorsqu'il s'agit d'une narration de soi à soi. Boris se prit de plus en plus à ce jeu; son passé devint presque fabuleux, plein de possibilités, et il s'imposa alors devant cette existence actuelle que lui trouvait conformiste et sans éclat. L'idée d'un retour fit alors son chemin; non pas en tant que désir mais en tant que fantaisie." (42)

Malgré la perte, en exil, de la langue maternelle, éprouvée comme une trahison diffuse (" trahison de quoi? de qui?" 30), celui-ci est "la vraie patrie des poètes": Ovide, Virgile, même Homère, "vieux, aveugle et en haillons, qui errait dans les villes étrangères en chantant les exploits virils, l'amour et les aventures ... La mort ." (262)

Par la voix de Gina, l'auteur affirme le besoin d'errance et, donc, de liberté comme condition sine-qua-non de l'écriture:

"Le poète est un homme qui s'arrache à un espace étroit. Son chant est toujours écorché, disloqué, mais libre. [...] Le poète empoigne la langue et la façonne, sans demander ni la permission ni l'approbation. Surtout, il ne demande pas qu'on lui donne une langue toute faite. Le poète est un bagarreur solitaire qui se méfie des foules. [...] Ne te contente pas des cohérences ni des applaudissements de la foule. La poésie, c'est de l'incohérence devenue parole !" (265)

En écrivant, composant, créant, l'auteur lui-même (par son personnage) refuse l'uniformité et s'ouvre aux autres, d'ici ou d'ailleurs.

Sirigaito lève son verre:

"À la santé de Boris, citoyen du monde, fit-il en levant son verre. Puis sur le ton de la confidence: Tu sais, mon petit, le Brésil était déjà ton espace étroit autrefois, avant même que tuaies goûté au vent du large; pas étonnant qu'il soit beaucoup plus étroit depuis que tu es devenu libre ..." (327)

© Voichita-Maria Sasu (Université "Babes-Bolyai" de Cluj-Napoca, Roumanie)


CITES

(1) cf. Les structures anthropologiques de l'imaginaire, Paris, Bordas, 1969.

(2) Simon Harel, Une littérature des communautés culturelles made in Québec?, in "Globe", vol. 5, no. 2, 2002, p. 64 (note 4).

(3) Jocelyn Maclure, Introduction. Penser le bien collectif. Mémoire et identité au Québec, in "Globe", op. cit., p. 16.

(4) idem, p. 16.

(5) Montréal, XYZ, 1996. Toutes les citations du roman renvoient à cette édition et les pages en seront données entre parenthèses.

(6) cf. Louise Gauthier, La mémoire sans frontières. Emile Ollivier, Naïm Kattan et les écrivains migrants au Québec, Québec, PUL, 1997, p. 69.

(7) Nicole Aas-Rouxparis, Passages d'Émile Ollivier: dérive et diversité, "Québec Studies", vol. 15, Fall 1992/Winter 1993, p. 31-39.

(8) Étrange rapprochement possible avec Clarence du Regard du roi de Camara Laye.

(9) S. Harel, op. cit., p. 60.

(10) op. cit., p. 65.


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Voichita-Maria Sasu (Cluj-Napoca, Roumanie): Sergio Kokis, "citoyen du monde". In: TRANS. Internet-Zeitschrift für Kulturwissenschaften. No. 15/2003. WWW: http://www.inst.at/trans/15Nr/05_11/sasu15.htm

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